Comme l’économie ou la technologie évolue, la culture évolue aussi. Elle est le reflet de l’évolution de la société. Au 20éme siècle l’ouvrier a accédé à l’éducation. Grâce à cette éducation, il a pu lui aussi lire, aller au cinéma, accéder aux œuvres d’art, autant de choses qui auparavant était destinées à la seule classe bourgeoise. Evidemment les classes populaires, puis moyennes, vont être demandeuses de choses différentes.
Parce qu’il y a deux modèles de culture :
- Un modèle vertical. Ce sont les classes supérieures qui sont les arbitres du bon goût et les institutions relaient leur modèle notamment grâce au système éducatif. Ce qui permet de faire le tri entre ce qui est légitime et ce qui ne l’est pas. À partir du moment où une œuvre n’est pas légitime elle fait partie du divertissement.
- Un modèle en bottom up théorisé entre autre par Michel de Certeau dans « l’Invention du Quotidien ». Les classes moyennes et populaires vont s’approprier ce qui les intéressent. C’est du braconnage.
Il est clair qu’à partir de ce modèle du braconnage, on peut construire autre chose. Un modèle parallèle. Et ce modèle parallèle va être à la base de la transition culturelle.
La transition culturelle. c’est de passer du modèles des classes supérieures à celui des classes moyennes. De passer d’un modèle centré sur la domination à un modèle centré sur l’émancipation. Cette transition culturelle commencée dans les pays anglo-saxons dans les années 30, a très vite évolué. Et elle s’est construite rapidement autour de 2 pôles : la culture de l’imaginaire ( fantastique, science fiction, fantasy) déclinée sur tous les médias possibles et imaginables et d’autre part les musiques actuelles à partir de la déferlante du rock’n roll des années 60.
Le développement de cette transition culturelle est indissociable de la construction de la société du savoir et de l’économie de la connaissance. Un pays où la transition culturelle est bien avancée est aussi un pays qui avance dans le domaine de l’économie de la connaissance. Puisque la montée des qualifications s’accompagnent du développement d’un système éducatif de qualité qui pousse à se cultiver. La transition culturelle précède toujours le basculement vers l’économie de la connaissance.
Mais les dangers sont nombreux. On citera notamment l’émergence d’une culture populiste autour des médias commerciaux, émanant de groupes financiers qui eux n’ont aucun intérêt au changement puisqu’ils défendent encore un vision passéiste du monde.
La transition culturelle avance dans le monde, pays anglosaxons, Europe du nord, Japon, Corée du sud et même Chine Populaire sont quelques exemples de pays où la transition culturelle est à même d’être achevée. Dans d’autres pays (Allemagne, Espagne), elle est très avancée. En France malheureusement il n’en est pas de même. Elle avait bien commencé dans les années 80 (essor des radios libres, jeux de rôles, jeux vidéos). Mais dans les années 90 les élites ont été prises de panique. D’abord les élites de droite conservatrice qui se déchaînent contre les jeu de rôle et les jeux vidéo. Mais ensuite les élites de gauche rejoignent le mouvement. On se souvient des attaques de Ségolène Royal contre les mangas et les jeux vidéos. Depuis les choses se sont certes arrangées. Mais la transition culturelle ne semble pas se construire. D’un côté une reprise en main religieuse qui impulse un populisme brun qui se développe de plus en plus même au cœur des campagnes. De l’autre une volonté politique de soutenir les élites. La transition culturelle est absente des médias et les politiques ne s’y intéressent guère. L’éducation populaire qui a autrefois beaucoup fait pour cette transition est en déclin ou s’est repositionnée sur les missions sociales que ne remplit plus l’état défaillant.