Le magazine The Economist publie une étude de son institut d’observation de l’intelligence économique qui fait le point sur la démocratie dans le monde. Et il fait le constat qu’elle est globalement en baisse… et c’est normal !
La démocratie est sensible à la diversité
Elle ne peut plus s’appliquer confortablement au-delà de quelques millions d’individus dans une société ouverte. Comme de juste, les pays les plus démocratiques, Norvège, Suède, Islande, sont tous très peu peuplés et peu diversifiés, presque xénophobes. Il suffit de se promener dans la foule à Paris ou Marseille, puis à Helsinki, Stockholm, Oslo ou Reijkjavik pour saisir toute la différence, flagrante. Bien que leurs sociétés se soient récemment ouvertes et qu’il y existe une certaine diversité (générant par ailleurs les premières tensions démocratiques), les populations des pays cités comme étant les plus démocratiques sont beaucoup plus lisses que la nôtre qui ne se contente plus d’être simplement cosmopolite, mais franchement hétéroclite.
La démocratie a aussi considérablement reculé en Suisse en passant de 4 millions dans mon enfance à 8 millions aujourd’hui, alimentée par les flux migratoires, faisant le jeu des populistes dont le discours, à défaut d’être pertinent, est opportuniste. Le débat précédent chaque votation a radicalement changé de registre. Ce sont d’ailleurs les populistes qui sont majoritaires à tous les niveaux et ce malgré que leurs propositions reposent sur les intérêts strictement personnels des maîtres de la mouvance.
La promiscuité induit de plus en plus de diversité avec des intérêts de plus en plus divergents qui compromettent la démocratie qui cesse de s’appliquer à partir d’une certaine densité et d’un certain volume de population. Où de plus en plus de visions profondément dichotomiques font que quel que soit le résultat, une part notable de la population n’est pas d’accord avec les votes de la majorité et le combat au lieu de s’y soumettre.
Le progrès civilisationnel que représente l’amélioration de la diversité est donc un des principaux points d’écueil de la démocratie dont son modèle de fonctionnement actuel n’est pas conçu pour être inclusif.
La cohésion et la cohérence dans la gouvernance sont compromis
Les USA sont un exemple considérable, où les américains ont voté pour Hillary Clinton et c’est ce Mickey de Donald Trump qui a été nommé, en raison d’un système électif censé permettre l’intégration d’une immense population. Rien de bien démocratique là-dedans et aujourd’hui Trump est le président le plus détesté après un an de mandat (màj : alors que sa cote de popularité remontera et restera excellente tout au long de sa gouvernance, ce qui est caractéristique des populistes, dont la personnalité est clivante. Ils sont les plus appréciés et les plus détestés) et le premier a s’être retrouvé confronté à un shutdown la première année.
En France, où le président Emmanuel Macron n’a été élu qu’avec une infime fraction de la masse totale des électeurs, 17% selon les calculs, ce n’est guère mieux. Il a certes plus d’opinions favorables que Trump, mais alors qu’il est en début de mandat, on sent déjà clairement le désaveu, avec largement plus de la moitié de la population insatisfaite et plus du tiers d’opinions très défavorables. Impossible de faire consensus dans une telle situation symptomatique d’une démocratie bien malade.
Au-delà de 5 millions de personnes, la démocratie devient une gageure. Elle reste possible, mais cela implique un pouvoir qui contredira de plus en plus de monde en proportion du volume de population puisqu’il sera de plus en plus confronté à des intérêts contradictoires et donc sera forcément moins démocratique, avec de plus en plus de gens opposés et donc de moins en moins de consensus, c’est aussi simple que ça.
C’est l’unité dans la diversité qui peut amener la démocratie politique
Dans l’avenir, si nous voulons retrouver plus de démocratie politique, il faudra accepter l’idée de sociétés moins unifiées, comme une Europe des régions, avec des territoires autonomes, aux identités locales fortes. L’unification étant le propre des sociétés les moins démocratiques et la diversité celui des sociétés ouvertes. L’ennemi de l’unité, c’est l’unicité.
Ceux qui en appellent à la démocratie directe sont systématiquement des populistes. De gauche, des écolos ou des gauchisants primaires ou alors l’extrême-droite xénophobe et/ou identitaire, une caractéristique commune dans le monde entier. Le seul fait de ces deux blocs radicalement opposés se posant en insatisfaits de la démocratie est représentatif de la cristallisation de la société par de la diversité de tendances incompatibles entre elles et qui compromettent la démocratie. Si les populistes soutiennent la démocratie, c’est parce qu’ils savent que le vote est le moyen pour celui qui a la capacité de se l’approprier d’obtenir ce qu’il ne pourrait avoir par la raison. Et comme le peuple vote pour le populiste le plus démago le plus simpliste, le vote leur appartient.
L’avenir passe par la démocratie économique
La solution pour plus de démocratie n’est donc pas politique, mais économique, en remplaçant le dire par le faire. Le financement participatif est l’expression la plus pure de la démocratie. puisqu’il n’induit pas de vote, n’importe qui propose un projet, indépendamment de sa tendance politique et la communauté se ligue derrière pour qu’il voie le jour… ou pas !
Ainsi, la transition sociétale est-elle une arme contre le recul naturel de la démocratie au fur et à mesure de l’ouverture de nos sociétés, induisant une diversité de plus en plus considérable. Une démocratie de plus en plus inclusive où ce sont les capacités des uns dont ont besoin les autres, commandée par l’innovation et la créativité contenus dans la masse.
C’est l’individuation qui est la voie de la démocratie dans une société ouverte
Alors que le fasciste ou le gauchiste primaire lorsqu’il est en collectif dans sa mouvance politique est condamné au groupuscule et à gueuler sur la démocratie qui l’empêche d’être entendu, le porteur de projet, seul et uniquement porteur de projet, est soutenu indépendamment de ses positions politiques, qui lui sont personnelles et chacun de la communauté peu le soutenir indépendamment de ses propres convictions. Un communiste peut parfaitement être le plus fervent soutien du projet d’un capitaliste. Un populiste xénophobe des plus radicaux pourra soutenir le plus chaleureux rêveur de diversité d’origine étrangère.
La politique est une frontière que l’intérêt commun permet de franchir… La transition sociétale est la solution pour notre évolution. Elle garantit l’individuation qui accomplit face à l’individualité qui divise.