La situation est désespérée
Après la manifestation des agriculteurs la France qui a renoncé à la taxe sur le GNR, alors qu’il suffit de ne pas en consommer pour ne pas y être exposé, l’UE a d’abord renoncé à son plan de réduction de moitié des pesticides d’ici 2030, puis consent même à un assouplissement des normes écologiques, l’urgence de la situation n’est pas suffisamment conséquente pour contrebalancer la colère des agriculteurs, c’est assez incroyable, on marche vraiment sur la tête.
La situation est tellement désespérée qu’il est même proposé la création de « PSE », « Plan de Sauvegarde de l’Environnement ». Un système consistant à rémunérer les agriculteurs pour la préservation de l’environnement, autrement dit, on paierait les pollueurs pour qu’ils ne polluent plus au lieu de les empêcher de polluer. On croit rêver. Qu’il faille faire preuve de créativité pour changer l’agriculture, je suis d’accord, mais dans ce cas on commence par sanctionner la pollution, en surtaxant les pesticides et en augmentant la taxe sur le carburant. Et en parallèle on indexe les subventions en proportion d’un taux écologique, un système de mesure géré par l’IA utilisant des capteurs environnementaux, au sol et dans l’espace, photographie aérienne, agents de terrain, déclarations des agriculteurs, etc.. En réalité, la réponse logique est bien évidemment de changer d’agriculture, et donc d’agriculteurs si nécessaire, en assurant l’accompagnement de ceux qui veulent changer et d’assurer la sortie prématurée dans de bonnes conditions pour les plus âgés pour qui il est trop tard. C’est ce que nous allons voir ici.
Les subventions sont problématiques
Les subventions agricoles sont vouées à disparaître. Elles sont inéquitables envers les pays qui n’ont pas les moyens de subventionner leur production, leurs agriculteurs étant alors dans l’incapacité de concurrencer sur le marché mondial les prix de nos productions. Cette situation engendre la famine, la misère et la dépendance. Les pays qui bénéficient de nos aides alimentaires sont en réalité des pays où l’agriculture pourrait être au moins aussi productive que la nôtre, avec une plus forte intégration humaine, donc favorable au développement. De supprimer nos subventions agricoles est donc une opportunité pour ces pays de se développer, le paramètre indispensable à la résolution de la faim dans le monde, à laquelle les membres du G20 et du Forum de Davos ont décidé de s’attaquer.
Mais la fin des subventions est un problème dans un pays comme la France où le foncier est désormais si cher que l’installation est quasiment un suicide si le vendeur ne fait pas une fleur au repreneur, comme on peut le voir dans le cas d’une transmission intrafamiliale. Et les subventions directes sont illégales, interdites par l’Europe comme l’OCDE ou l’OMC. C’est de la concurrence déloyale qui fausse le marché. Les subventions autorisées sont négociées entre pays pour qu’elles répondent à des besoins précis à des conditions précises, de manière à ne pas compromettre la mondialisation.
Le sortant ne peut toutefois pas toujours sacrifier à l’entrant son domaine, qui est souvent l’essentiel de son revenu de retraité. La retraite agricole n’est habituellement pas bien lourde et les agriculteurs retraités vivent sur la vente ou location de leur domaine qui représente alors leurs économies de toute une vie. Durant leur vie d’actif, ils ont remboursé leur domaine, comme d’autres constituent une épargne patrimoniale, via une caisse complémentaire ou une assurance-vie, et collectent en une seule fois cette épargne au moment de la vente. C’est donc leur vie de retraité et leur héritage qui s’en va en fumée s’ils consentent à un trop grand sacrifice.
D’un autre côté, dans ce système actuel, subventionné, c’est l’Etat, au travers de la PAC (Politique Agricole Commune) qui paie une bonne part du domaine. Ce n’est pas un problème en soi puisque le rôle du paysan dans le paysage national est essentiel : il nourrit la population. Et c’est le prix du foncier qui contraint à cette subvention. Si nous n’étions pas concurrentiels sur le marché mondial avec les prix de nos productions, alors soumis au montant des annuités que les coûts infrastructurels induisent, le sort de nos agriculteurs serait alors le même que dans les émergents et ça en serait fini de l’agriculture telle que nous la connaissons et alors que le public en appelle à la transition agroécologique.
Il y a un panel de solutions plus ou moins simples et acceptable par tous pour répondre à cette problématique!
Il y a aujourd’hui un peu plus de 4000 installations de jeunes agriculteurs en France par année. Ils ont droit à des aides, telles que des prêts bonifiés, par exemple. Il faut bien appréhender de quoi nous parlons pour bien saisir l’étendue du problème. Un domaine de 100 hectares, avec l’habitation, la grange, le hangar à machines, la stabulation, les machines, etc… aujourd’hui c’est un investissement qui peut atteindre 1’5M€, des annuités littéralement délirantes pour un jeune qui s’installe. La pression financière sur la viabilité du domaine et, conséquemment, sur l’agriculteur et sa famille, est donc considérable.
Mais une grosse part de ce montant est inhérente au système agricole en place. La nouvelle agriculture du 21e siècle est beaucoup moins gourmande en puissance. Il faut de grosses machines non pas parce qu’il y a de grosses surfaces, mais parce qu’elles sont labourées profondément, traitées régulièrement. Si on arrête de labourer et de traiter massivement, il n’est plus nécessaire d’avoir des grosses machines qui diminuent en masse financière, tant à l’achat qu’à l’entretien, et en quantité. Des tracteurs plus petits, qui peuvent être électriques, des robots autonomes solaires pour désherber ou récolter qui coûtent bien moins cher que le carburant et les pesticides économisés tout en permettant de limiter le nombre d’employés. En ayant une récolte de meilleure qualité restauratrice de l’environnement, qui amende les sols, qui ne contamine plus, qui n’érode plus.
Alors proposons une idée, simple à mettre en place et pas si coûteuse que ça, disons 4 milliards par an, consistant à ce que l’Etat se porte tout simplement acquéreur de la moitié du domaine de manière à favoriser l’installation des jeunes, la conversion agroécologique et la transmission. Concrètement : le « JA » (Jeune Agriculteur, dans le jargon, c’est pour faire plus « pro », plus « smart) soumet un dossier demandant la participation de l’Etat à hauteur de 50% du domaine qu’il souhaite acquérir, en proposant un modèle d’agriculture durable. C’est aussi valable pour un domaine existant surendetté qui ne peut pas faire sa conversion, n’ayant pas les moyens d’adapter son équipement en raison de son endettement, nous le verrons plus bas.
Le dossier, une fois accepté, permet au jeune d’acquérir le domaine comme s’il l’avait acquis à la moitié de sa valeur. Il gère l’exploitation en toute autonomie au cours de sa vie professionnelle, sans contrainte autre que le respect de ses engagements dans le dossier. Au moment où il le souhaite, lorsque son crédit est amorti, il peut décider de racheter ses parts à l’Etat qui s’engage à lui vendre au prix du jour. S’il n’a pas racheté ses parts à sa retraite, à l’heure de la reprise du domaine, soit le repreneur dépose un dossier avec un projet d’agriculture durable, soit il rachète l’intégralité des parts, la moitié à l’agriculteur sortant et l’autre moitié à l’Etat qui récupère ainsi ses billes.
Ce concept est également possiblement transférable sur les agriculteurs en situation critique en raison de l’obsolescence du modèle productiviste. Une proposition de conversion pourrait leur être faite et en échange de cette conversion, ils bénéficieraient alors de ce dispositif qui pourrait être accompagné d’une période de défiscalisation, de prêts bonifiés, toutes choses pour accélérer et faciliter la conversion et raccourcir la durée d’immobilisation du capital pour l’Etat et permettre à l’agriculteur de la lui racheter le plus tôt possible.
Ce ne sont donc pas des subventions, mais un investissement pour l’Etat
Ainsi, l’Etat investit sur son territoire, en devenant détenteur de parts de domaines agricoles, mais il favorise également la transition agroécologique en s’épargnant des subventions directes, plus coûteuses et qui s’évaporent au fur et à mesure. En outre, c’est légal, puisqu’il ne s’agit pas de subventions agricoles, mais bien d’investissements dans l’agriculture. Contrairement aux subventions, qui sont versées à perte chaque année, l’Etat est bel et bien propriétaire foncier, il détient du capital.
Il ne s’agit pas pour l’Etat d’agir en actionnaire. Factuellement, l’exploitant est autonome, il gère le domaine comme s’il était intégralement à lui et se verse un salaire. C’est seulement s’il y a du bénéfice que des dividendes sont versés à l’Etat. Le rôle de l’Etat se limite donc à celui d’un associé silencieux qui ne veille qu’à ses intérêts et au respect du lien contractuel. Des indemnités peuvent être prévues en cas de violation du contrat. Et l’Etat s’engage à vendre lorsqu’on le lui demandera, au prix du marché du jour. Dès que l’agriculteur souhaite racheter les parts de l’Etat, l’Etat les lui vend.
D’autres mesures incitatives complémentaires peuvent être mises en place
La résistance des agriculteurs au changement, qui à la moindre décision politique descendent sur les routes pour manifester leur droit à polluer, il ne sera pas possible de s’épargner des mesures plus ou moins contraignantes. Depuis 2012 l’Etat s’est engagé dans un plan de réduction des phytosanitaires. Un plan « Ecophyto » a été mis en place, visant à les réduire significativement. N’ayant produit aucun effet notable sur les quantités de pesticides malgré la vingtaine de conversions de domaine quotidiennement, un plan « Ecophyto II » plus ambitieux a été mis en place en 2015. Entre 2012 et 2017, plusieurs milliers d’exploitations se sont converties, en général au bio, mais aussi à l’agriculture raisonnée ou intégrée. Malgré ces plans consécutifs, malgré les conversions, malgré la propagande, la consommation de pesticides a encore augmenté de 12% sur la période !!
Autant dire qu’il ne faudra pas compter sur la bonne volonté des agriculteurs pour réduire la pollution. D’autant qu’une agriculture plus écologique est plus complexe. L’agriculture productiviste est une agriculture facile, on devient agriculteur aujourd’hui en deux ans d’école d’agriculture. Vous étiez webmaster à Paris, vous décidez de changer de vie, vous vous inscrivez à une école d’agriculture, deux ans plus tard vous déposez un dossier Jeune agriculteur. Autant dire que vos compétences en matière de cultures sont minces. On vous a appris la maintenance de vos machines, l’entretien du bétail, à suivre le mode d’emploi des semenciers et phytosanitaires et voilà. Mais vous ne savez pas cultiver. C’est triste à dire, mais aujourd’hui 95% des agriculteurs ne savent tout simplement pas cultiver (même s’ils s’en défendent et prennent toujours les autres de haut). De devoir apprendre à cultiver avec des cultures plus symbiotiques, plus complexes, est perçu comme humiliant par des individus, essentiellement des hommes, qui se pensent être les chantres de la campagne, qui se voient en écologistes qui entretiennent le paysage.
Et tout ceci est d’autant vrai qu’on peut quand même difficilement dire à un agriculteur de 55 ans qui a repris le domaine familial à 19 ans de changer d’agriculture alors qu’il est au bord de la retraite. Il faut lui permettre de continuer d’avancer, quittes à le contraindre un tantinet. Et la solution consiste à surtaxer les pesticides, augmenter mécaniquement le prix chaque année. Chaque année le prix augmente de 2% ou 3%. Pour compenser cette hausse il lui suffit d’en diminuer l’utilisation, et c’est possible, on peut déchaumer au lieu de désherber, on peut traiter systémiquement au lieu de systématiquement. Et donc le coût de ses intrants augmente chaque année, mais chaque année il fait l’effort de diminuer sa consommation en échange, ce qui lui permet de tenir les dernières années jusqu’à sa retraite.
Les anciens agriculteurs, ceux qui ont le plus de carrière, sont aussi ceux qui font le plus de résistance au changement. Ils sont de mauvaise foi, s’accrochent à leurs principes, et donc il est crucial de les remplacer par une nouvelle génération, plus conforme à la nouvelle agriculture du 21e siècle. Mais beaucoup tiennent à conserver leurs terres pour encaisser la PAC en complément de retraite, d’autant que du coup, en raison de leurs pratiques obsolètes, les jeunes ne veulent pas collaborer avec eux et reprendre le domaine. Le conflit générationnel rend la transmission ardue, voire irréaliste. L’ancien doit partir, pour que le jeune devienne le patron du lieu et applique ses méthodes. Et donc nous nous retrouvons dans une situation de blocage, parce que les anciens ne veulent pas abandonner leurs terres pour encaisser la PAC, parce que n’ayant pas trouvé de repreneur en raison de ce conflit de génération. Et sans reprise du domaine, ils n’ont tout simplement pas les moyens de partir à la retraite, donc ils le gardent pour avoir la PAC et ainsi pouvoir simplement vivre. Au Royaume-Uni une idée très simple a été de proposer de payer les agriculteurs pour qu’ils s’en aillent, une somme de 50’000£ à 100’000£. Et c’est une très bonne idée. Ca permet à l’agriculteur de s’en aller sans crainte à la retraite, qui doit être prise de manière anticipée sans pénalité, on trouve un repreneur pour son domaine, qui revient à l’agriculteur retraité, évidemment, et voilà la transition est réalisée. Concrètement, une somme de 500€ à 1000€ par hectare cultivé depuis plus de 5 ans (pour éviter qu’ils se refilent des terres au dernier moment) est très raisonnable avec une échelle progressive ou logarithmique afin de ne pas défavoriser les petits et parvenir à une moyenne de 800€/h. Le gros agriculteur qui travaille des centaines ou des milliers d’hectares perçoit 500€/h, le petit agriculteur avec quelques dizaines d’hectares reçoit 1000€/h. Des seuils haut et bas peuvent être instaurés. Par exemple minimum 50’000€ et maximum 500’000€.
Bref vous n’avez jamais vécu de l’agriculture ou de l’élevage, vous n’avez pas de bilan financier mais vous relayez toutes les intox du bio et vous donnez des leçons à tout le monde agricole.
Si c’était si bien quand vous étiez jeune dans la ferme familiale on se demande bien pourquoi vous n’êtes pas resté à travailler avec le cheval.
Allez voir le bilan financier des bio, 80% d’échec à 5 ans après l’installation selon les chambres d’agriculture, quand à ceux qui tiennent, merci les grosses subventions pour la céréaliculture et les stagiaires whoofeurs qui travaillent gratuit pour le maraichage et merci les stages de jardinage pour bobo qui rapportent 1000 euros la journée aux maraichers bio et permettent de vivre bien mieux que les paniers de légumes.
Rien que les poncifs que vous véhiculez au sujet du glyphosate montrent votre parti pris du sujet. Le glyphosate est le désherbant le plus sûr de tous les temps, toutes les études scientifiques le démontrent et il n’a été diabolisé que par la cupidité des avocats d’affaires américains relayé par toutes les extrêmes gauches du monde.
Merci pour la confirmation de mon propos sur la mauvaise foi des agriculteurs. CQFD ai-je envie de dire.
Et concrètement, Monsieur Curty, parlez nous de votre exploitation agricole puisque vous vous y connaissez si bien, vous devez en avoir une ? On ne peut bien parler que de ce qu’on a pratiqué soi même.
Que cultivez vous avec peu ou sans pesticides, sans labour, et un minimum d’intrants ?
Investissements ? Rendements ? Bénéfices ? et surtout temps de travail et pénibilité du travail ?
Faites vous seulement un potager ?
Allez lancez vous dans un cours d’agriculture, les ignorants d’agriculteurs ne demandent qu’à apprendre. Et vous savez les pesticides ne sont pas offerts en paquets cadeaux, ils coûtent chers et tout agriculteur fait tout ce qu’il peut pour en utiliser le moins possible pour économiser, sans pour autant perdre ses récoltes.
En fait nous agriculteurs, tout ce qu’on réclame, c’est au moins un smic en ne faisant que 35h/semaine et avec 5 semaines de congés payés comme tout le monde.
Si vous avez la solution, de grâce livrez la nous dans votre « courant constructif ».
Tout d’abord, grand merci pour votre commentaire railleur qui me donne l’occasion de vous rendre la pareille et sachez que je comprends parfaitement votre exaspération. Mais voilà, c’est vous qui êtes à l’origine de vos problèmes, uniquement vous. Quand vous aurez accepté ça, vous verrez que votre vie changera. Vous avez des milliers d’agriculteurs qui ont changé et sont heureux de l’avoir fait, je vous donnerai un lien plus bas avec quelques exemples.
« parlez nous de votre exploitation agricole puisque vous vous y connaissez si bien, vous devez en avoir une ? On ne peut bien parler que de ce qu’on a pratiqué soi même. »
Oh, je n’ai jamais eu ma propre ferme, mais l’agriculture occupe une très grande place dans ma vie. Non seulement j’ai littéralement grandi dans une vraie ferme paysanne, mais j’ai également tenu deux domaines au Sud de Toulouse. L’un bio, l’autre traditionnel. Pour vous dire, en 1998, alors que nous venions de faire le tour du domaine à cheval (160 hectares d’un seul tenant, avec la pente ça fait une sacrée surface, d’un fond de vallée à l’autre) nous nous sommes arrêté au bord du petit lac d’irrigation, moi et mon ami propriétaire du domaine. Il y avait des algues dans le petit lac. Et là il me dit : « si j’avais les moyens, je lui mettrais bien 20 litres de RoundUp ». Ce à quoi je lui réponds : « tu plaisantes ? Tu sais ce que ça pollue cette merde ? ». Il m’a alors rétorqué : « ça pollue pas, ça devient du sel ». Sur ce, je lui ai dis : « ça devient peut-être du sel, il n’empêche que c’est le plus grave problème environnemental agricole que nous avons en ce moment » puis j’ai traversé le lac sur le dos de Floraly qui nageait, une magnifique jument franc-comtoise et nous sommes rentrés.
« Que cultivez vous avec peu ou sans pesticides, sans labour, et un minimum d’intrants ? »
>> Tout, on peut tout cultiver sans pesticides, sans labour et avec un minimum d’intrants. C’est juste plus compliqué, ça nécessite de savoir cultiver au lieu de simplement suivre un cahier d’exploitation, c’est tout. Malheureusement, 95% des agriculteurs ne sait pas cultiver et comme c’est un métier où la mauvaise foi est particulièrement prégnante, l’agriculteur sait toujours tout et les autres ne savent rien (la preuve avec votre commentaire… Néanmoins j’ai rencontré un certain nombre d’agriculteurs qui avaient fait la bascule ou qui avaient toujours cultivé comme ça et un de mes amis à collaboré au développement d’un système de semis direct sous couvert pas loin de chez moi. Malheureusement l’entreprise Aurensan a fait faillite, en raison d’une très mauvaise gestion, pas malhonnête mais bordélique, du patron. Mais la technique se pratique toujours et les machines sont toujours fabriquées.https://duckduckgo.com/?q=aurensan+agriculture&atb=v314-1&ia=web
« Investissements ? Rendements ? Bénéfices ? et surtout temps de travail et pénibilité du travail ? »
Moins, BEAUCOUP MOINS d’investissements et de travail, c’est une exploitation plus tranquille, plus respectueuse de l’environnement, de l’animal et de l’humain. Et si on a environ 20% de rendement de moins au sein des sélections variétales, comme les techniques de culture sont éventuellement plus complexes, on récolte plus souvent et ça fait qu’à la surface le rendement est potentiellement supérieur pour ceux qui ont ces pratiques avancées. Et les bénéfices sont évidemment bien supérieurs, puisqu’on a moins de coûts. https://lmc.today/tag/agriculteur-heureux/
« Faites vous seulement un potager ? »
Oh j’ai fait ça toute ma vie, j’ai grandi dans la paysannerie. Quand j’étais gamin je travaillais avec le cheval. J’ai fané, fauché, endainé, avec le cheval, réalisé des chars de foin de 4 mètres de haut à la fourche, qu’on montait ensuite avec le chat dans la grange. J’ai labouré le jardin avec le cheval, 3000 m² de potager, qui nourrissaient la ferme et aussi une production de fruits et de légumes vendue au porte-à-porte.
C’est juste que vous projetez vos croyances sur les autres, ce qui vous met en situation de mauvaise foi, rien de plus.
« lancez vous dans un cours d’agriculture, les ignorants d’agriculteurs ne demandent qu’à apprendre. »
Non, justement, c’est pas le cas. Très peu acceptent l’idée qu’ils ne savent pas cultiver. Quand on parle aux agriculteurs, ils savent tout mieux que les autres. Ils disent globalement n’importe quoi, mais ils savent tout.
« vous savez les pesticides ne sont pas offerts en paquets cadeaux, ils coûtent chers et tout agriculteur fait tout ce qu’il peut pour en utiliser le moins possible pour économiser, sans pour autant perdre ses récoltes. »
C’est sûrement pour cette raison que malgré deux plans Ecophyto consécutifs entre 2012 et 2015 et la conversion au bio d’une bonne quinzaine de milliers d’exploitations, la consommation de pesticides a quand même augmenté de 12% ?
Non, les agriculteurs s’acharnent à dilapider leur revenu dans des intrants pour faire le plus possible de chiffre d’affaires au lieu de chercher la marge. La vérité est que l’agriculture française est l’une des plus polluantes du monde. Pour reprendre l’exemple de l’exploitation dont je m’occupais au Sud de Toulouse, mon ami ayant un autre métier à l’extérieur pendant que je tenais l’exploitation, l’exploitation d’à-côté avait réalisé un joli lac en fermant simplement le ruisseau au fond de la vallée, pour faire de l’élevage. L’endroit est très beau, mais il a dû renoncer à l’idée, parce que les bêtes crevaient, tellement l’eau était polluée par les pesticides. Il avait voulu lâcher des chèvres, l’endroit s’y prêtait bien. En quelques semaines elles sont tombées malades et trois sont mortes. Il n’a pas fallu longtemps pour savoir pourquoi. Comme le lac était en fond de vallée, il récoltait toute l’eau de ruissellement.
Alors, la propreté des agriculteurs, allez en parler à quelqu’un d’autre.
« En fait nous agriculteurs, tout ce qu’on réclame, c’est au moins un smic en ne faisant que 35h/semaine et avec 5 semaines de congés payés comme tout le monde. »
Ah mais, vous le méritez, faites-le, je vous y encourage. Formez-vous, cessez de dilapider votre revenu dans des intrants qui détruisent l’environnement pour produire massivement de la merde sans valeur que l’industrie va vous acheter à vil prix pour la fourguer quand même.
« Si vous avez la solution, de grâce livrez la nous dans votre « courant constructif ». »
C’est fait, je vous ai donné un lien avec des agriculteurs heureux qui ont sauté le pas. Je vous invite à leur parler. Ce ne sont que des exemples médiatiques, mais ils sont des milliers en France. Tous n’ont pas réussi, parce que certains se sont imaginés que produire bio c’était juste produire la même chose mais sans engrais ni pesticides. Bien sûr, ça ne marche pas. On ne peut pas appliquer des techniques de culture qui ont été conçues pour être faciles grâce aux pesticides à des cultures qui n’en n’auront pas. Il faut des techniques bien plus avancées et plus complexes. Mais si vous vous donnez la peine de le faire, vous verrez que vous aurez une vie plus confortable, avec moins d’endettement, parce que moins d’infrastructures, moins de travail des champs, éventuellement avec des robots solaires autonomes pour désherber ou même semer et récolter.
Mais vous allez commencer par devoir cesser de prendre ceux qui savent de haut et voir que des milliers ont fait ce que vous croyez impossible et eux gagnent leur vie, ils ont des vacances grâce à d’autres organisations, plus coopérantes. Et vous n’êtes pas obligé de faire du bio, contentez-vous d’agriculture raisonnée, c’est très bien aussi.
Je connaissais quelqu’un, il y a plus de trente ans, au Plateau de Lignières, à 1000 mètres d’altitude, en Suisse, au-dessus de la ferme de mon oncle, qui faisait de l’élevage laitier. Il n’avait pas d’étable. Il avait lâché les vaches dans un pré avec des sapins. Les vaches se couchaient sous les sapins et au milieu du pré il avait installé une remorque équipée d’un système de traite robotisée alimenté par des panneaux solaires qui faisaient office de toiture. Il allait deux fois par jour récolter le lait et s’occuper d’une bête qui ne pouvait malheureusement pas se faire traire automatiquement en raison d’une malformation à une tétine.
Dites-vous bien que si vous investissez X centaines de milliers d’euros dans une stab, ce n’est pas pour le confort de vos bêtes, qui elles sont très bien dehors jusqu’à des températures éventuellement très froides, quitte à sélectionner des races rustiques et un peu moins productives. C’est un état d’esprit que vous devez acquérir. Soit vous faites 500’000 de chiffre avec seulement 15’000 de bénéf, soit vous ne faites que 200’000, mais avec 30’000 de benef, au choix.
Allez parler aux agriculteurs qui ont sauté le pas et qui eux s’en sortent au lieu de railler ceux qui savent, vous verrez, ça va vous changer la vie.
Merci encore pour votre participation et bonne chance. Réfléchissez-y et cherchez votre voie, il y a toujours une solution. Malheureusement le système que je propose ici n’est pas en place, mais j’ai eu désendetté des exploitations par d’autres moyens et il existe des gens dont la spécialité est l’accompagnement au changement.