L’Euro nous protège de l’inflation

C’est désormais un vieux serpent de mer, l’Euro aurait fait exploser les prix. Avec des assertions toutes plus farfelues les unes que les autres, comme  « ils ont converti 1F pour 1€ », ou « tout a augmenté de X% (avec un chiffre éloquent, « 90% ») et les salaires n’ont pas suivi. 

On ne le dira jamais assez, face aux croyances qui reposent sur les conséquences sur l’Euro. Comme la baguette de pain qui coûtait 1F avant l’Euro et 1€ aujourd’hui. Alors qu’en fait la baguette coûtait 1F au début des années 70. En 2000 la baguette standard 250 gr. La « parisette », coûtait 4F20. Les boulangers la faisaient à 240 gr. et la vendaient 4F pour plus de commodité. Alors on donnait 5F, on nous rendait 1F et les gens associent cette pièce au prix de la baguette. 

Une zone économique protectrice

En réalité, l’Euro nous a protégés de bien des choses. Tout d’abord, en soustrayant les entreprises européennes du risque de change, il a par exemple fait d’Airbus le No 1 mondial devant Boeing. Il nous a également permis de ne plus devoir réaliser nos échanges internationaux en dollars, ce qui revient à payer littéralement une taxe aux américains sur nos transactions. Enfin, grâce à l’unicité de la monnaie, il facilite le financement des Etats sur les marchés et maintient le taux d’intérêt de notre dette très bas, tout simplement parce que le risque est minimal vu que lorsque un investisseur achète de notre dette, il achète un petit bout d’Europe avec, les pays de la Zone Euro ne sont pas isolés, ils bénéficient de divers paramètres sécurisants pour eux comme pour l’investisseur.

Les prix qui ont monté ne sont pas du fait de l’Euro

S’il est évidemment vrai que certains prix sont montés depuis l’introduction de l’Euro, comme l’alimentaire ou l’immobilier, ils ne sont pas de son fait, c’est le marché.  L’immobilier serait monté de toute façon aussi en franc et l’Euro n’a aucune influence sur le prix des céréales ou des légumes. Sur l’automobile, ce n’est pas qu’elle est montée de prix, elle aurait plutôt baissé, mais c’est sur l’équipement qu’il faut chercher la source de l’inflation. Les véhicules sont suréquipés et forcément coûtent plus cher. Ce qui nous amène au cas du carburant, perçu comme si cher, alors qu’en vérité à la fin des années 90 le carburant tournait aux alentours de 7F50 jusqu’à près de 10F, soit exactement le même prix qu’aujourd’hui. Sauf qu’à l’époque, en 2000, le SMIC était à 953€, alors qu’il est aujourd’hui à 1480€. Le carburant coûte donc au bas mot 30% MOINS cher qu’avant l’Euro.

Les prix qui ont baissé ont souvent baissé grâce à lui

En revanche, certains prix ont baissé, souvent en raison de l’Euro, sur l’électronique de divertissement, l’électroménager, les matériaux, l’outillage. Des éléments qui ne font pas le panier du quotidien, mais qui représentent quand même près de 20% du budget des ménages. On est toujours en train d’acheter un lave-vaisselle, un micro-onde, un toaster, un sèche-cheveux, un fer à friser, un écran plat, un PC, un lecteur DVD, un sèche-linge, un aspirateur, un ventilateur, un chauffage d’appoint, etc., etc., etc., des éléments innombrables dans tous les ménages. Or quand on achète un écran plat, on achète l’équivalent d’un certain nombre de kilos de tomates, de patates ou de melons. Le fait qu’il ait baissé de prix en raison de la taille du marché de la Zone Euro et donc des volumes distribués modère donc les prix qui subissent l’inflation en raison du marché en réduisant les dépenses totales.

Des comportements d’achat qui ont évolué en raison de la valeur de l’Euro

Enfin, il y a les comportements d’achat qui ont changé, avec l’Euro on achète volontiers plus haut-de-gamme. Quand l’Euro a été introduit, je vivais au Grau d’Agde. A l’épicerie, il y avait du thé froid en bouteilles PET de 2L, 13 F. Je n’allais quand même pas mettre 13 F pour du thé, je le faisais moi-même et je le laissais refroidir, il était meilleur et bien moins cher. Une fois passé à l’Euro, la même bouteille ne coûtait plus que 2 €, je n’allais quand même pas m’emmerder à faire du thé alors que je pouvais avoir la bouteille pour deux balles.

Avant l’Euro, en 2000, 10’000 F, c’était « une brique ». On vient de mettre huit briques, c’est une somme, dans l’achat d’une bagnole, donc bon, si on a pas besoin des 10’000 F d’options, on ne prend pas. Avec l’Euro, un an plus tard, en 2001, le coût de la vie est très similaire, ça fait 12’000 €, c’est pas cher, c’est une petite voiture pour ce prix, on peut mettre 1500 € de plus.

Et c’est la même chose pour tout, le cacao du matin pour le petit, avant l’Euro, la sous-marque coûtait 15F40 et la marque coûtait 18F35, ça fait quand même trois francs de différence, sur une année ça compte. Avec l’Euro, la sous-marque ne coûte plus que 2,35€ et la marque 2,80€, on ne va quand même pas chipoter pour 45 centimes…

Inflation…

Il résulte de tout ceci que si bien des prix ont effectivement monté considérablement depuis l’introduction de l’Euro, on appelle ça l’inflation. Les prix sont montés de 50%, ce qui coûtait 5€ coûte désormais 7,50€, ce qui coûtait 10€ coûte désormais 15€, c’est énorme. Oui, mais le SMIC est passé de 953€ à 1480€ et, surtout, c’est bien moins que par le passé. Dans les années 70 l’inflation atteignait 10% par an.

Pour info, en euros compensés, le SMIC était à 75€ en 1950, à 353€ en 1980 et la baguette de pain coûte depuis 1950 six minutes de travail au SMIC, elle n’a jamais varié d’un iota.

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Auteur/autrice : Thierry Curty

Designer sociétal, inventeur d’un concept intégral économique, écologique et sociétal, co-fondateur de Courant Constructif, auteur, Fervent contemplateur de l’Humanité. De convictions profondes et à l’esprit libre. Passionné d’Économie, de Sociologie, d’Écologie, dans une vision holistique, l’épistémologie est le moteur de ma réflexion, source de ma conviction. Je soutiens la transition sociétale, inéluctable à terme, préalable incontournable des grandes transitions, écologique, énergétique, agrobiologique, qui en sont ses corollaires, et tente de l’expliquer et la dédramatiser, de faire passer le message que loin d’être une fin elle est un nouveau commencement, une solution aux problèmes que nous rencontrons aujourd’hui. Inéluctable, mais aussi nécessaire et souhaitable, confortable pour tous.

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