Depuis les années 1980, l’informatisation a permis d’automatiser de nombreuses tâches répétitives qui jusque-là étaient effectuées par des humains. Les entreprises ont désormais de moins en moins besoin de salariés pour produire les biens et les services. C’est alors que le chômage de masse s’est installé, remettant en question notre mode de redistribution de la création de richesse par les salaires. Sauf qu’au lieu de faire en sorte que la société évolue pour s’adapter à cet état de fait et ainsi libère les individus de l’obligation de travailler pour gagner leur vie, on a mis en place de nombreux plans pour créer ou simplement maintenir les emplois. Ces plans se résument à une série de subventions et à des avantages fiscaux accordées aux entreprises.
Des subventions et des avantages fiscaux qui ne créent pas autant d’emplois qu’espéré
Parmi ces subventions, on compte le Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi, en application depuis le 1er janvier 2013. On accorde des masses d’argent public aux entreprises dans l’espoir qu’elles s’en servent pour créer des emplois. Il était par ailleurs prévu que des millions d’emplois soient créés grâce à cette subvention.
Seulement, après quelques années de mise en application, on voit bien que cette mesure ne fonctionne pas. En effet, l’objectif de création d’emploi n’a pas été atteint. Or, nous sommes dans un contexte où le travail n’est plus une nécessité pour produire les biens et les services.
Non seulement le nombre d’emploi crée n’a pas été significatif, mais en plus, il n’améliore pas la qualité de l’emploi. On subventionne en priorité les vieilles industries du fait que leur mode de production crée beaucoup d’emploi. Seulement, ce trop-plein de salarié induit une dilution de la masse salariale, ce qui l’empêche d’augmenter, faisant ainsi stagner les salaires. L’autre problème, c’est que leur production à faible valeur ajoutée entre en concurrence avec ceux produits par les émergents qui maintenant savent produire ce que nous produisons il y a encore trente ans. Les prix doivent donc être d’avantage tirés vers le bas pour ne pas que nos entreprises perdent des parts de marché. Seulement voilà, cette stratégie de produire bon marché ne produit que peu de richesses, ce qui limite aux entreprises la possibilité d’augmenter les salaires, malgré les subventions. Sans compter que cela diminue également la possibilité pour l’État de récupérer sa part.
C’est sans compter sur les nombreux avantages fiscaux accordés aux entreprises. Depuis un certain temps, et ce dans le même objectif d’incitation à créer des emplois par les économies d’impôt générées, on a considérablement diminué l’impôt sur les sociétés. Les bénéfices devenant de moins en moins taxés, l’État ne peut plus récupérer sa part de création de richesse. C’est d’autant plus absurde que les entreprises redistribuent de moins en moins leur création de richesse du fait que, comme mentionné précédemment, elles créent de moins en moins d’emplois, faute d’en avoir l’utilité. Alors que de l’autre côté, les économies d’impôts générés sont parties, à l’instar des subventions, dans les poches des actionnaires et des patrons.
Des plans de subvention pour l’emplois qui finissent par s’avérer coûteux
Cette baisse de pouvoir d’achat induite par des salaires peu élevés dans les emplois créés ou préservés n’est pas sans conséquence sur le coût d’un tel dispositif. Le pouvoir d’achat diminuant, les individus ne peuvent plus consommer autant, ce qui limite la création de richesse et donc les rentrées fiscales par la taxation. Ce qui accroît le déficit de l’État, qui du coup n’a pas d’autre choix que de compenser par la dette. Dette dont les intérêts seront payés par la taxation de contribuables qui seront de plus en plus sous pressions.
Ces dispositifs sont d’autant plus coûteux qu’ils sont de véritable transfert d’argent de la poche du contribuable, qui paye ses impôts, vers celles des riches qui n’en paient que très peu. En effet, les entreprises n’ayant pas besoin d’autant d’emplois pour créer les biens et les services, le surplus induit par les subventions et les baisses d’impôt permettent d’augmenter artificiellement la rentabilité des entreprises. Entreprises qui peuvent se permettre de verser de plus en plus de dividendes pour maintenir un bon rendement sur des actions qui du coup valent de plus en plus chères au vu de la confiance que cela génère pour les investisseurs qui du coup achètent de plus en plus.
Des subventions qui pourraient être réorientées pour subventionner l’automatisation et ainsi créer de la richesse
Cette situation est absurde. Au lieu de dépenser des sommes astronomiques dans des plans de relances ou des subventions pour l’emploi, il suffirait de réorienter les dizaines de milliards d’Euros que valent ces subventions pour inciter les entreprises à s’automatiser le plus possible. Ce système pourrait être un véritable vecteur de richesse car il dynamiserait le secteur des robots, secteur à très forte valeur ajoutée. En effet, en étant subventionnées pour s’automatiser, les entreprises concernées seront les premières clientes de ces fabricants de robots qui jusque-là désespéraient de trouver des débouchés commerciaux. En même temps, du fait que les entreprises redistribueront de moins en moins de création de richesse du fait qu’une entreprise automatisée a besoin de peu de salariés, il faudra qu’elles paient d’avantages d’impôts sur les sociétés.
Puisqu’il y aura de moins en moins de création de richesse à redistribuer par les salaires, il faudra bien qu’elle soit redistribuée d’une manière ou d’une autre. Par ailleurs, comme le souligne si bien Thierry Curty dans cet article, une entreprise doit payer des impôts sur ces bénéfices pour faire en sorte que ses clients s’enrichissent et puisse ainsi bénéficier d’un environnement propice au commerce, sans quoi elle n’a pas la moindre utilité pour la société. Le commerce, à l’instar de la guerre ou de l’amour, c’est un jeu qui ne peut se jouer qu’à deux.
Un contrat néo-social pour encourager les entreprises à s’automatiser
Il suffira aux entreprises intéressées de signer un contrat néo-social qui en échange d’automatiser leur production, leur fera payer plus d’impôt sur les sociétés à un taux de l’ordre de 40 %. Ce qui sera possible puisque n’ayant plus autant de salariés, les entreprises pourront réaliser plus de bénéfice. La création de richesse induite par cette automatisation qui va littéralement booster la création de richesse, puisque les robots sont sophistiqués et donc chers, permettra aux entreprises de payer plus d’impôts et permettre à l’État de largement récupérer les coûts de ces subventions. Ce contrat néo-social pourrait aussi proposer un label qui certifiera les entreprises signataires comme étant responsables sociétalement et écologiquement parlant. En effet, une production automatisée, est une production sans souffrances humaines, puisque les humains ne travailleront plus dans les tâches pénibles et c’est une production qualitative et non quantitative, ce qui ne nécessite pas de gaspiller de l’énergie et des matières premières. Ce label sera d’autant plus incitatif pour les entreprises de signer le contrat néo-social, que cela leur permettra de gagner une certaine confiance vis-à-vis de leur leurs financiers qui seront, par le bais de l’Action Mutuelle d’Investissement, les individus, plus enclins à financer des projets responsables sociétalement et écologiquement parlant.
Bref, l’échec du subventionnement de l’économie dans le but de maintenir et créer des emplois est là pour démontrer que désormais, la politique pour l’emploi a atteint ses limites. Tous ce qui sera orienté pour créer des emplois ne pourront qu’échouer puisque les entreprises n’en ont plus besoin pour produire. C’est pourquoi il faut orienter notre politique vers la Transition Sociétale pour libérer les humains de l’obligation de travailler, puisque les robots peuvent le faire à leur place, et mettre à leur disposition un environnement collaboratif qui leur donnera accès à des capitaux et des conseils pour créer leur activité avec laquelle ils gagneront leur vie.