On entend beaucoup que les élèves français ne sont pas à la hauteur. C’est le constat que tirent certains spécialistes en consultant les résultats des tests PISA qui déterminent le niveau des élèves dans des matières diverses et variées, et dont les résultats ne sont pas satisfaisants. Certains disent que cela incombe à une école qui n’est plus à même de répondre au besoin d’instruire. On projette de nombreuses réformes pour palier à ce problème récurrent, que ce soit en limitant le nombre d’élèves par classes, en recrutant le plus de professeurs possibles ou encore en ajoutant du matériel technologique. Et si les problèmes que rencontrent les élèves à l’heure actuelle venait tout simplement de l’obsolescence de l’école de Jules Ferry, qui sert encore de modèle pour notre système éducatif actuel ?
Un système conférencier qui ne tient pas compte de l’individualité des élèves
Le problème avec le système conférencier de l’école de Jules Ferry, c’est qu’il ne tient pas compte de l’individualité des étudiants. Et pour cause, il avait pour principal objectif de standardiser, si j’ose dire, la main d’œuvre afin de fournir aux entreprises des travailleurs aptes à effectuer des tâches répétitives et à obéir à leurs patrons. Et ce dans un contexte où les machines ne pouvaient pas fonctionner seules pour produire les biens et les services.
Le système conférencier, où les élèves doivent rester assis toute la journée, sans rien faire d’autre que d’écouter le professeur qui domine littéralement la classe, préfigurait les relations patrons-salariés. Les enfants apprenaient à obéir à leur patron et à faire des tâches répétitives toute la journée. En effet, il n’y avait pas vraiment le choix puisque les machines ne pouvaient fonctionner sans ces mêmes tâches répétitives effectuées par des humains pour les accompagner. Il n’était pas non plus question de laisser libre cours à l’imagination des enfants puisqu’avant, l’information n’étant disponible que de façon limitée et la majorité de la population était frustre et inculte, et donc incapable d’initier quoi que ce soit. Majorité qui n’avait donc pas d’autres choix que de travailler et d’obéir à un manager qui leur disait quoi faire.
Une informatisation qui marque le début de l’obsolescence de l’école de Jules Ferry
Depuis l’informatisation des années 1980, l’école de Jules Ferry commence à devenir de plus en plus obsolète. L’informatisation permet d’automatiser les tâches répétitives, que les humains n’ont désormais plus à faire. Il n’est donc plus question d’accommoder les élèves à des tâches répétitives puisque ce sont les robots qui prennent le relais. La population devenant de plus en plus lettrée grâce à l’accès en continue et n’importe où de l’information grâce à internet qui fait progressivement son apparition, les salariés sont plus à même de prendre des initiatives au sein de l’entreprise. Le modèle de management vertical, qui avait cours à une époque où la majorité des salariés ne savaient ni lire, ni écrire, n’a plus lieu d’exister. Dans les nouvelles entreprises, le management devient de plus en plus horizontal. Le chef à qui tout le monde devait obéir n’est là plus que pour donner des objectifs que les salariés sont libres de remplir à leur manière.
C’est aussi dans ce contexte que ce système a démontré à quel point il ne favorise pas l’égalité des chances. Ayant pour but de standardiser la main d’œuvre pour répondre aux impératifs de production, il faut que les élèves apprennent au même rythme que leurs camarades. Ceux qui apprennent plus rapidement ou plus lentement sont donc lésés. Ce garçon dans cette vidéo en est la preuve. La plupart des individus ont une soif d’apprentissage. Seulement voilà, ils ne peuvent le faire à un rythme qui serait plus adapté en fonction de chacun puisque le système de Jules Ferry impose que tous les élèves apprennent les mêmes choses, en même temps et au même rythme. Ce cloisonnement est d’autant plus absurde qu’il prive les élèves d’un niveau supérieur d’élever ceux d’un niveau inférieur, faute de pouvoir partager leur expérience et leurs nouvelles connaissances acquises.
La nouvelle économie collaborative 2.0 a besoin de gens autonomes et non obéissants
Ce système devient de plus en plus obsolète au fur et à mesure que la fin du travail se profile. Dans ces conditions, il n’est plus question d’accommoder les élèves à écouter religieusement un professeur, mais de leur apprendre à remplir des objectifs selon une stratégie qu’ils auront choisi librement. Ce qui est bien plus efficace pour apprendre. On apprend en effet bien plus vite en cherchant et en présentant son travail soi-même, puisque cela implique de comprendre ce qu’on fait pour mieux faire comprendre à son auditoire par la suite. Pour la future économie collaborative qui demandera aux individus de l’initiative et non plus l’obéissance à un patron, c’est capital d’apprendre de façon active comment fonctionne la société pour ainsi mieux contribuer.
De plus, la communication aura aussi toute son importance. À l’école de Jules Ferry, on écoute le professeur et on ne participe que s’il le demande. Or, la future économie collaborative, comme son nom l’indique, va demander aux individus de prendre des initiatives. Ce qui leur nécessitera de communiquer entre eux. Il faut que les informations et les idées puissent s’échanger en permanence, ce qui amènera à d’autres idées qui ainsi pourront contribuer à faire avancer la société. L’avantage de ce système, c’est que l’information sera disponible en permanence. C’est déjà le cas aujourd’hui où les recherches se font de plus en plus sur internet. Le problème, c’est que le système scolaire actuel ne s’approprie pas assez cet outil. Ce qui laisse les bêtises et les populismes prospérer sur la toile. Or, il faut que ce soit les connaissances qui dominent, d’où l’importance de s’approprier cet outil pour échanger les idées et les connaissances en permanence. Ce qui rend absurde l’interdiction des téléphones en classe par exemple.
C’est pour cela que les écoles démocratiques sont des ébauches de ce à quoi devra ressembler l’école du XXIème siècle. Dans cette configuration, les élèves n’auront que des objectifs à remplir de la manière qu’ils veulent, fixés par un professeur qui fera office de coach pour venir en aide aux élèves qui en ont besoin pour mener à bien leurs travaux. Les élèves ne seront plus astreints dans des programmes imposés, ce qui stimulera d’avantage leur imagination. De plus, en supprimant le système de classe qui cloisonne les enfants dans un seul et même niveau, ils se mélangeront entre niveau. Ce qui fait que ceux qui ont un niveau plus élevé, en côtoyant des élèves ayant un niveau plus faible, pourront partager leur expérience et ainsi tirer vers le haut les seconds. Dans ce système, il sera aussi question que chacun donne le meilleur dans le domaine où il excelle, au lieu de faire ce qu’on peut dans le plus de matière possible, ce qui permettra de mieux cerner les compétences et mieux guider les élèves dans leur orientation. L’usage généralisé des dernières technologies de communication, tel qu’internet avec les smartphones et les ordinateurs devrait permettre de renforcer cette communication en mettant les cours en ligne, de sorte qu’ils soient visibles, même à la maison. Il sera ainsi possible aux élèves d’échanger entre eux, mais aussi avec le professeur qui sera pleinement dans son rôle en mettant en ligne des vidéos didactiques notamment. De toute façon, l’économie collaborative imposera de l’initiative et de l’autonomie et ce n’est pas l’école de Jules Ferry et son système conférencier qui stimulera les caractères cités puisque c’est un système privilégiant l’obéissance et la soumission, ce qui était adapté aux besoins des siècles précédents où il fallait des travailleurs dociles et efficaces dans des tâches répétitives. Maintenant, il faut des contributeurs autonomes et créatifs qui interagiront avec leurs semblables pour initier des projets et non plus être des salariés, qui même pour ceux qui le seront encore, seront plus autonomes avec l’horizontalisation du management, induit par le haut niveau de technicité des emplois dans les nouvelles industries qui font que les salariés seront si compétents et instruits qu’ils n’auront pas besoin de recevoir d’ordre. Non seulement ils n’en auront pas besoin, mais en plus, ils pourraient initier des projets au sein même de leur entreprise.
Une école obsolète qui perdure en raison de la politique pour l’emploi
Mais bon, avant de mettre en place l’école du XXIème siècle, il faut venir à bout d’un problème global qui empêche la société d’avancer : le travail. En effet, l’intérêt de conserver les professeurs qui dominent, d’utiliser des manuels scolaires papiers, de s’asseoir dans une salle de classe, etc. Cela créé des emplois, qui disparaîtront si ces fonctions n’ont plus lieu d’être avec le numérique et le système où les élèves devront prendre les devants pour apprendre. Il faut donc mettre un terme à politique pour l’emploi et proposer l’option de rendre le travail facultatif pour réformer et moderniser progressivement notre système scolaire, qui ne permet plus aux citoyens en devenir de faire face aux enjeux du XXIème siècle. Pour adapter la société à la fin du travail, il suffit de faire la Transition Sociétale.