Avec l’automatisation des tâches qui va mettre progressivement fin au salariat, l’avenir est au travail ponctuel pour rendre des services et gagner de l’argent en conséquence. Le problème, c’est que ces plateformes collaboratives comme Uber, AirBnB ou autres ne représentent pas l’avenir, car elles ne sont pas collaboratives dans leur mode de fonctionnement.
Des entreprises qui ne correspondent en rien au modèle collaboratif
Ces entreprises ne sont en réalité pas collaboratives, comme le démontre Thierry Curty dans son article. Elles se contentent d’encaisser une partie de ce que leurs clients gagnent, les laissant seuls en cas de problème. De plus, les individus qui travaillent sur ces plateformes se voient imposer des conditions qui font que si un membre ne respecte pas les règles édictées par cette même plateforme, ils en sont exclus, sans chômage et sans indemnités de licenciement puisqu’ils étaient considérés comme entrepreneurs indépendants du point de vue de l’administration. Il s’agit donc de conditions similaires au salariat, sans les contraintes que cela représente. De fait, ces entreprises ne font qu’utiliser le vide juridique, induit par ce mode de collaboration, et la tolérance de la société qui veut que n’importe qui travaille à n’importe quelles conditions, pour imposer ce mode de collaboration que nul n’aurait toléré quelques décennies auparavant. On se retrouve alors avec un retour au travail rémunéré à la tâche, pour que des individus aient un travail malgré tout, ce qui constitue un recul sociétal considérable.
Pour que ces micro-activités soient vectrices de richesse, et non de précarité comme c’est le cas aujourd’hui, il faut modifier le système de sorte que les individus disposent à la fois de capitaux et autres soutiens pour mener à bien leur projet. En effet, le problème des micro-entrepreneurs actuellement, c’est qu’ils sont livrés à eux-mêmes, sans conseils et sans capitaux pour se lancer et pérenniser leur activité. Ce qui explique un large taux de défaillance.
Dans une plateforme collaborative, les individus devraient être actionnaires en partie de cette même plateforme, ce qui leur permettra de non seulement prendre part aux décisions, mais aussi de toucher des dividendes, même lorsqu’ils décident de ne pas travailler. Par exemple, les livreurs devraient être propriétaires en partie de la plateforme pour laquelle ils travaillent. Ce qui leur permet de fixer les tarifs, les conditions de vente et de travail, sans compter sur la perspective de toucher leur part des bénéfices sous forme de dividendes, même lorsqu’ils ne sont plus en activité.
Un revenu minimum pour donner à chacun une chance de contribuer
Mais pour que cette nouvelle économie puisse voir le jour, il faut que l’État prenne la décision de permettre à tout un chacun de toucher le minimum de part de création de richesse dont il a droit. Cette part, c’est le revenu universel. Il constitue un socle qui, dès lors que quelqu’un ne gagne aucun revenu, pourra en bénéficier et une fois qu’ils ont créé leurs activités et que celles-ci leur rapportent, ce revenu diminue jusqu’à un certain seuil à partir duquel il ne sera plus attribué. Il fonctionne alors sur le principe de l’impôt négatif, de la même manière que la prime d’activité qui régresse au fur et à mesure que le revenu augmente. Il est important de savoir que ce revenu universel n’est pas une aide sociale, mais bien la part de création de richesse à laquelle chacun des individus peut prétendre. En effet, de nos jours et ce quel que soit ce que l’on fait, on crée de la richesse. Le simple fait de visionner des publicités dans la rue ou autres supports constitue un acte de création de richesse au même titre que de faire ses achats du quotidien.
Ce revenu universel est donc un minimum auquel chacun peut prétendre dès lors qu’il ne dispose d’aucun revenu. Sauf exception, ce ne sera pas le seul remplaçant du revenu du travail. En étant fixé à 900 Euros mensuel et par personne, il à pour vocation d’être un tremplin pour permettre aux individus d’avoir les moyens de contribuer à leur façon à la société, de sorte que chacun ait sa chance en partant sur des bases solides. Bien sûr, sans capitaux, c’est compliqué. C’est alors que de nouvelles mesures fiscales s’imposent pour inciter les riches à réinvestir massivement leurs capitaux dans l’économie réelle.
Des mesures fiscales incitatives pour les plus aisés
Depuis que l’État subventionne l’économie et leurs accorde des avantages pour sauvegarder l’emploi, les riches ont perdu leur responsabilité de financier de l’économie réelle pour s’installer dans une position de rentier. Il faut mettre un terme à cela en revoyant complètement le système d’imposition, notamment via la suppression de l’impôt sur le revenu. En plus d’être inefficace et confiscatoire, il a été spécialement conçu par les riches pour qu’ils s’en échappent. C’est ce qui explique notamment pourquoi les revenus du capital (dividendes, loyers, intérêts, qui constituent l’essentiel des revenus des riches) sont beaucoup moins taxés que les revenus du travail, comme les salaires. C’est pourquoi il faut remplacer l’impôt sur le revenu par l’impôt sur le niveau de vie qui taxe les riches en fonction de leur niveau de vie. Plus on vie de manière opulente (grande maison, yacht, voiture de luxe, majordome à disposition 24h/24, etc.), plus on paie d’impôt. Sa particularité, c’est qu’il est basé non pas sur ce que possèdent les individus, mais sur ce dont ils disposent. Autrement dit, on peut avoir nos biens entre les mains d’une société écran basée dans un paradis fiscal, du moment qu’on dispose de ces biens, on est redevable de cet impôt. L’objectif est d’inciter les riches à mettre leurs capitaux d’avantage à la disposition de l’investissement dans l’économie réelle que dans l’amélioration de leur niveau de vie, après quoi, s’ils contribuent à réduire les inégalités en investissant dans l’économie réelle pour créer de la richesse qui bénéficiera au plus grand nombre, ils pourront réduire leurs impôts avec l’impôt sur l’inégalité. Enfin, pour s’assurer qu’ils investissent dans un grand nombre d’entreprises et non dans quelques-unes, il faudra mettre en place un nouvel impôt qui taxera les dividendes en fonction de ce qu’ils représentent dans les bénéfices des entreprises. Autrement dit, pour payer le moins d’impôt possible, il ne faut pas que les dividendes prennent une place trop importante dans les bénéfices. De ce fait, s’ils veulent augmenter leurs revenus, ils devront investir dans plusieurs entreprises pour ainsi capter des dividendes en provenance de plusieurs sources, ce qui permettra d’assurer aux individus qui voudront financer leurs projets d’obtenir des capitaux.
Une plateforme fédérant tous les acteurs de l’économie dans un même environnement
Il faudra enfin que l’État mette en place une plateforme de financement participatif qui va réunir les capitaux de tout ce beau monde et être ainsi le pilier de la création de richesse dans la société. Il s’agit de l’Action Mutuelle d’Investissement. Cette plateforme de financement disposera, grâce à un partenariat avec les banques, du levier de crédit qui permet à un créancier de prêter davantage que le capital en réserve. Un levier bancaire qui est par ailleurs la base de création de richesse, sans quoi il ne s’agit que d’un transfert d’argent d’une poche à une autre. De ce fait, en plus d’augmenter la capacité des individus, riches et pauvres, à investir, ils auront moins de chance de perdre leur capital en cas d’échec d’un projet puisque ce n’est pas lui qui sera directement investi, ce qui évite que de la richesse soit perdue, contrairement aux plateformes actuelles. Bref, dans cette plateforme, les individus, riches et pauvres, apporteront leurs capitaux pour financer et prendre part à des projets pour ensuite, si ces projets aboutissent, toucher les fruits de leur participation. Ainsi voilà comment les individus gagneront leur vie à l’avenir. Et contrairement au travail, ils auront le choix d’augmenter leurs revenus puisqu’ils auront le temps pour cela.
Si l’Action Mutuelle d’Investissement permet le financement d’entreprises pour des individus ambitieux, elle permet aussi le financement de petites activités. En effet, le problème à l’heure actuelle, qui fait que les micro-entrepreneurs ont du mal à financer leur projet, c’est qu’il s’agit pour les banques et les fonds d’investissement d’un domaine qui leur est inaccessible. En effet, des petites entreprises ont besoin d’un soutien que des grandes entreprises n’ont pas nécessairement besoin. Or, ce n’est pas le métier de ces fonds. C’est pourquoi l’AMI comblera cette lacune en offrant aux individus un incubateur où ils disposeront d’un soutien et de capitaux pour mener à bien leur projet. Les investisseurs et les banques n’ayant plus qu’à se contenter d’investir dans l’AMI qui du coup se chargera du soutien technique et logistique des micro-entrepreneurs. On pourra d’ailleurs très bien imaginer que les micro-entrepreneurs en question, avec l’aide de l’AMI, se regroupent au sein d’entreprises collaboratives, dont ils en deviendront actionnaires. Ainsi, ils peuvent rendre des services et permettre à l’entreprise collaborative de générer des bénéfices, et étant copropriétaires de l’entreprise, ils touchent les dividendes et fixent les règles de fonctionnement. De plus, le fait de se regrouper dans ce genre d’entreprise rend le financement plus aisé, notamment pour financer un nouvel outil de travail à la disposition des micro-entrepreneurs par exemple.
Bref, la micro-activité par les micro-entreprises est clairement l’avenir. Mais pour que cela soit vecteur de richesse pour les individus, il faut absolument faire la Transition Sociétale pour mettre en place un environnement collaboratif, sans quoi ils ne pourront que se précariser en étant livrés à eux-mêmes, comme c’est le cas aujourd’hui.