Le Monde pond un article précis sur la croissance de l’inégalité, deux termes qui devraient être antagonistes dans un monde idéal. Mais il confirme l’acharnement au déni de la vérité sur l’origine de cette inégalité.
Il y a une vérité mais qui est refusée partout
Refusée « parce que l’Homme se réalise au travail », une assertion sans fondement qui fait malgré tout loi alors que le vrai serait plutôt le contraire. En réalité c’est le nombre d’heures de travail effectuées par un humain en proportion de la création de richesse, qui n’a cessé de s’effondrer depuis la crise pétrolière, qui a mis fin à la période des Trente glorieuses, qui est cause de cette inégalité. Ce qui a été pudiquement –et bêtement, presque naïvement– appelé « hausse de la productivité du travail ». Il faut noter le ridicule de la chose : moins il y avait d’ouvriers pour produire de plus en plus de valeur, plus on considérait qu’il y avait hausse de la productivité du travail, alors que c’était une hausse de la productivité des machines.
La société, pour qui la place de l’individu pauvre est au travail, s’est acharnée à maintenir l’emploi à tout prix. Prix payé évidemment par l’ouvrier, l’enfermant progressivement dans sa condition. Alors que l’activité se diversifiait dans des tas de secteurs inutiles, qu’on la complexifiait pour créer des emplois d’inutiles, les fameux « bullshitjobs », qui représentent aujourd’hui 40% des emplois dans les sociétés les plus avancées, les sclérosants, la qualité de l’emploi n’a jamais cessé de baisser. Les économies ont basculé dans « les services », faisant qu’aujourd’hui tout le monde est « coach », « expert », « conseiller », « spécialiste » ou, Gràal Suprême : « Consultant ». Vous possédez une expertise quelconque ? Tout le monde vous le dira : « deviens consultant » !
…Et de tous ces gens, si tous rament 80 heures par semaine au minimum, passant des heures au téléphone à faire chi… à démarcher le pig… le futur client potentiel pour décrocher un misérable rendez-vous, très peu parvient ne serait-ce même qu’à se sortir un SMIC. Par contre, pour être crédible, il faudra s’habiller en costard italien et rouler en BMW X5, une équation pas simple à résoudre.
De fait, aujourd’hui, le revenu médian est trop bas
Il est au bas mot 20% en-dessous de ce qu’il devrait être en France comme en Allemagne ou au Royaume-Uni et… 50% aux USA, où la majorité de la population est revenu au niveau des salaires des années 90 après la crise de 2008.
Les riches, de leur côté, bénéficient directement de ce florilège de créations d’activités dans l’objectif de maintenir l’emploi et se partagent joyeusement les bénéfices des outils de production de plus conséquents au fur et à mesure de l’attrition du travail humain gràce à la fameuse « hausse de productivité du travail », en réalité, diminution du nombre d’heures travaillées par des humains en proportion de la création de richesse. De plus en plus de création de richesse, mais de moins en moins de salaires à payer grâce à des subventions massives appelées « lutte pour l’emploi » pour inciter à embaucher quand même, c’est autant de bénéfices accumulés.
Bien sûr, pour remplacer l’Homme au travail, il faut investir dans des machines, alors qu’un humain c’est gratuit, on ne fait que lui payer un salaire. Mais qu’à cela ne tienne, les actionnaires des entreprises qui encaissent les bénéfices de la production sont également actionnaires des usines qui fabriquent les machines. Et si de subventionner massivement l’emploi par toutes sortes de biais génère de la dette souveraine, c’est toujours eux qui en bénéficient. Et comme le chômage induit de la tension sur les salaires, y compris de ceux où l’humain occupe des fonctions où il est indispensable, finalement le chômage n’a jamais autant rapporté aux riches.
En résumé, moins il y a de salaires à verser, plus il y a appel à la solidarité et donc l’Etat se substitue aux salaires. Mais le système social étant financé par… les salaires, moins il y a de salaires, plus il y a appel au système social qui est de moins en moins financé et donc l’Etat doit emprunter sur le marché pour se financer, il s’endette, pour soutenir l’emploi, pour avoir plus de rentrées pour financer le système social.
Et voilà, la boucle est bouclée…
La solution est simple, c’est la transition sociétale de la fin du travail
Qui non seulement remettrait la société sur la voie du développement sociétal, réduisant cette inégalité, mais en plus générerait une nouvelle couche socio-économique, en rendant le peuple contributeur dynamique de l’économie devenue collaborative, socle de l’intelligence collective, le contributisme. Et tant que ceci ne sera pas mis en place, nous ne pourrons que nous enfoncer jusqu’à la faillite et l’inégalité absolue. Les riches vont devenir exponentiellement de plus en plus riches alors que le nombre de pauvres va brutalement exploser le jour où les Etats n’auront plus les moyens d’emprunter. ils seront alors non seulement beaucoup plus nombreux, mais beaucoup plus pauvres, pendant que les riches seront non seulement plus nombreux, mais beaucoup plus riches qu’aujourd’hui, dans une économie sclérosée.