À l’heure actuelle, on ne peut pas parler d’économie et de crise économique sans évoquer la notion de capitalisme financier. Pour rappel, cette financiarisation est le fait d’accorder d’avantage d’importance aux produits financiers tels que certains produits dérivés, actions, obligation en bourse ou autres titres et de faire de l’argent par la spéculation sur ces mêmes produits. Nous verrons que cette financiarisation, qui a démarré dans les années 1980, n’est pas étrangère à la politique pour l’emploi, que ce soit par le subventionnement des entreprises ou encore les avantages fiscaux accordés aux riches.
L’informatisation automatise de plus en plus de tâche, rendant le travail obsolète
Depuis les années 1980, le travail se raréfie en raison de l’informatisation qui mène à l’automatisation des tâches répétitives, jusque-là effectuées par des humains. Les entreprises ont donc de moins en moins besoin de main d’œuvre pour produire les biens et les services. D’où ce chômage de masse qui perdure depuis tant d’années.
Sauf qu’au lieu de s’adapter à cette situation, qui aurait permis aux humains d’être libérés de l’obligation de travailler pour gagner leur vie, on a tout fait pour faire perdurer l’emploi, bien qu’il devienne de moins en moins utile pour produire les biens et les services. Ce en menant une politique pour l’emploi.
C’est dans cette visée de maintenir l’emploi que l’État a massivement subventionné les entreprises, plus particulièrement les vieilles industries qui ne peuvent plus être rentables sur notre sol en raison de la faible valeur ajoutée de leurs productions. C’est aussi dans cette optique que l’État a accordé des avantages fiscaux, tant aux entreprises, que sur le patrimoine et les revenus des riches. Le problème de cette politique pour l’emploi, c’est que non seulement elle ne contribue pas à créer des emplois, mais en plus, elle déresponsabilise les riches qui, du fait que ce soit l’État qui s’occupe de l’économie, investissent de moins en moins dans l’économie réelle. Au lieu de cela, ils investissent de plus en plus dans des produits financiers qui rapportent de l’argent via la spéculation sur ces mêmes produits.
Une véritable folie financière a émergé au cours de la décennie 1980
Si l’informatisation a permis l’automatisation des tâches répétitives, jusque-là effectuées par des humains, elle a aussi rendu plus accessible et rapide le monde de la finance. Grâce à la cotation des titres en continue et par ordinateur, il est possible de passer des ordres de manière quasi instantanée et ainsi d’acquérir en quelques minutes, voire quelques secondes, un nombre incalculable de produits sur les marchés financiers. Ce qui favorisera l’essor de la spéculation qui permettra aux spéculateurs d’engranger très rapidement de très gros bénéfices, grâce à cette rapidité permise par l’informatisation d’achat et de revente des titres en question. Ce qui permet, avec une grande quantité de capitaux, d’influer sur les cours des produits financiers. De plus, dans la foulée de cette informatisation, internet permettra d’abolir les frontières et donc de spéculer de par le monde. Notamment depuis des sociétés écrans basées dans des paradis fiscaux, qui elles-mêmes émettent des actions sur lesquelles les individus spéculaient en masse sur le seul fond d’une promesse de développement dans le futur. Les banques, les fonds d’investissement, les fonds de pensions achètent sur les marchés financiers des actions, des obligations d’entreprises qui s’avèrent être des coquilles vides, mais qui rapportent beaucoup à ceux qui ont acheté à très bas prix les titres pour les revendre au plus haut prix à la fin. La spéculation bas son plein. C’est la folie financière des années 1980.
La politique pour l’emploi est responsable de cette réorientation des flux financiers vers les produits financiers spéculatifs
La politique pour l’emploi n’est pas étrangère à cette situation. En effet, en investissant massivement de l’argent public dans l’économie réelle dans le but de soutenir l’emploi, les riches n’ont tout simplement plus besoin de s’assurer que leurs entreprises fassent des bénéfices, puisque l’État s’en charge. De ce fait, ils n’ont plus besoins que leurs capitaux assurent la pérennité de leurs affaires. De ce fait, et grâces aux économies d’impôts qu’ils réalisent via la politique fiscale visant à réduire leur imposition pour qu’ils réinvestissent afin de créer des emplois, les riches réorientent leurs capitaux vers les produits financiers pour spéculer et engranger plus rapidement des bénéfices. Ils créent des sociétés dites « coquilles vides » dans des paradis fiscaux et achètent massivement leurs actions et leurs obligations, qui prennent ainsi de la valeur. Avec cette montée en valeur de ces titres, les autres acteurs du monde financiers, des fonds de pensions (qui garantissent les retraites des cotisants de pays dans la retraite fonctionne par capitalisation), des fonds souverains, des caisses mutuelles d’investissement ou encore des particuliers, suivent et achètent massivement eux aussi.
Une spéculation massive aux conséquences néfastes pour l’économie réelle
L’ennui, c’est que les arbres ne grimpent pas jusqu’au ciel. Principe valable aussi pour les produits financiers. À un moment donné, les premiers qui avaient massivement acheté les produits financiers à un prix très bas, car au moment de leur création, veulent prendre leurs bénéfices par la génération d’une plus-value. Les derniers arrivés achètent massivement aux premiers qui prennent leurs bénéfices. Mais au bout d’un moment, les derniers qui voient que les prix ne grimpent pas plus haut, car ayant déjà atteint un sommet qui fait que les prix de leurs actifs sont très élevés, veulent revendre aussi. Le problème, c’est qu’en ayant acheté au prix fort, ils trouvent peu, voire pas d’acheteurs pour se débarrasser de leurs produits et prendre ainsi leurs bénéfices en espérant y dégager une plus-value à leur tour. Obligés de revendre à un prix de plus en plus bas, la plus-value espérée devient une moins-value. Plus les prix dégringolent, faute d’acheteurs disponibles sur le marché, plus ils se retrouvent ruinés. Au fur et à mesure que tous les acteurs cherchent à vendre, les prix continuent de chuter, jusqu’à atteindre un niveau très bas. C’est alors que le krach financier se produit.
Le problème d’un tel système, c’est qu’avec tant d’acteurs économiques ruinés par un krach à la suite de la chute des prix des actifs financiers, cela a un impact négatif sur le fonctionnement de l’économie réelle. Lorsque les fonds de pensions font faillites, ce sont des retraités qui perdent de quoi assurer leur retraite. Lorsque ce sont des caisses mutuelles d’investissement, ce sont des particuliers qui ont perdu tout ou une partie de leur épargne. Bref, autant de personnes qui perdent en pouvoir d’achat, ce qui impacte négativement la capacité de création de richesse du pays. En effet, moins de pouvoir d’achat, c’est moins de bénéfices pour les entreprises, et donc moins de création de richesse à redistribuer, que ce soit en salaire, dividendes. C’est donc moins de rentrées fiscales pour l’État, avec de la TVA, de l’impôt sur le revenu et sur les bénéfices des entreprises en moins.
État qui par ailleurs doit payer les pots cassés pour empêcher le système de s’effondrer sur lui-même, ce qui provoquerait tout simplement la fin de la civilisation. C’est pour cela qu’il doit renflouer les banques pour assurer la création de richesse, mais aussi les assurances pour couvrir le plus de pertes possibles. Le problème, c’est qu’au fur et à mesure qu’il faille renflouer l’économie, c’est qu’à un moment donné, l’État perd de ses moyens pour assurer son rôle de stabilisateur de l’économie. En effet, si un krach boursier fait perdre en capacité de création de richesse, et donc des recettes fiscales, il perd par la même occasion des ressources pour assurer ses fonctions régaliennes. À terme, cela pourrait bien conduire à sa faillite pure et simple.
Pour en finir avec cette financiarisation, il faut en finir avec la politique pour l’emploi
Cette situation où le capitalisme financier a émergé n’est dû qu’à cette politique pour l’emploi, qui a consisté à subventionner les entreprises et accorder des avantages fiscaux considérables aux riches dans l’espoir que cela créer de l’emploi. L’État a pris un rôle prédominant de renfloueur systématique des entreprises. Ce qui a déresponsabilisé les riches de leur rôle de financiers de l’économie réelle, qui du coup se sont tournés vers la spéculation sur les produits financiers, avec toutes les conséquences que cela implique.
Sauf que cette politique pour l’emploi ne sert à rien dans la mesure où les entreprises ont de moins en moins besoin de main d’œuvre pour produire les biens et les services. C’est pour cela qu’il faut abandonner cette politique et faire en sorte que les capitaux des riches reviennent massivement dans l’économie réelle. Ce, non seulement pour en finir avec ces crises suite à des krach boursiers, mais aussi pour permettre de palier au chômage de masse en permettant aux individus de gagner leur vie par l’activité librement consentie, plutôt que par le travail.
Il faut inciter les riches à réinvestir massivement leurs capitaux dans l’économie réelle
Pour que l’économie collaborative, qui permettra à tout un chacun de disposer des capitaux dont il a besoin pour créer son activité, puisse émerger, il faut revoir notre conception de la fiscalité qui consiste à taxer en fonction du revenu. Pour inciter les riches à réinvestir massivement leurs capitaux dans l’économie réelle et permettre à tout un chacun de financer son projet avec lequel il gagnera sa vie, il faut mettre en place de nouvelles mesures fiscales
C’est dans cette optique de Thierry Curty a élaboré un nouveau système d’imposition qui incitera les riches à sortir de leur position de rentier et de spéculateur, dans lesquelles on les a confortablement installés dans l’espoir qu’ils créent des emplois, et de les remettre dans leur rôle de financiers de l’économie réelle. Ces impôts sont les suivants :
. L’impôt sur le niveau de vie. Cet impôt se base sur le niveau de vie des individus. Plus ils vivent de manière opulente, plus ils paient. Ceci non pas en fonction de ce dont ils possèdent, mais en fonction de ce dont ils disposent. Autrement dit, ils pourraient avoir leurs voitures, maisons, jets ou encore yacht au nom d’une société écran basée dans un paradis fiscal, dès lors qu’ils ne font que disposer de tous ces biens, ils sont redevables de cet impôt. Il a pour but d’encourager les riches à consacrer d’avantage leurs capitaux à l’investissement qu’à leurs dépenses personnelles pour améliorer leur niveau de vie. Des investissements qui permettront eux-mêmes de réduire encore d’avantage leurs impôts. C’est ce qui nous mène à l’impôt suivant ;
. L’impôt sur l’inégalité. Dans ce système, plus les riches investissent dans l’économie réelle pour créer de la richesse, moins ils paient d’impôts. Autrement dit, plus des individus issus de la diversité obtiennent du financement pour leurs projets et donc se sont enrichis, plus ils contribuent à financer des projets d’utilité public qui permettront aux individus de disposer de services de base peu coûteux voire gratuits, plus ils réduisent l’inégalité, moins ils paieront d’impôts. Ce sera donc dans leur intérêt d’investir le plus possible dans l’économie réelle. Et pour être sûr qu’ils investiront dans une pléiade de projets, il y a l’impôt suivant ;
. L’impôt sur les dividendes basés sur ce qu’ils représentent dans les bénéfices des entreprises. Plus les dividendes représentent une part importante des bénéfices, plus ils sont taxés. Si des dividendes représentent 20% des bénéfices, ils seront taxés à 20% et ce jusqu’au bouclier fiscal à 50% si la part des dividendes sur les bénéfices est supérieure ou égale à 50%. L’avantage de ce système, c’est qu’il encouragera les riches à investir dans de nombreux projets, ne serait-ce pour ne pas que les dividendes prennent une part trop importante des bénéfices des différentes entreprises, pour ainsi payer le moins d’impôt possible. De plus, ce système redonnera du poids aux actionnaires dans la décision d’attribuer ou non des hauts salaires et bonus aux dirigeants. En effet, si le salaire et les avantages du Président Directeur Général sont élevés, ils prendront une part importante des bénéfices. Ce qui contraindrait les actionnaires à devoir payer plus d’impôts. Ils seront donc confrontés au choix de biens payer leur PDG et de se verser moins de dividende ou accepter de payer plus d’impôts, ou de moins payer leur PDG pour ne pas trop rogner sur les bénéfices et donc payer des impôts sur les dividendes.
Une immense plateforme de financement participatif pour rendre la finance plus démocratique
Le problème du système financier, c’est qu’il est entre les mains d’une minorité. Non pas que cette minorité se soit accaparé cette finance, mais que le peuple ne pouvait jusque-là pas se l’approprier. En effet, lors de l’instauration du système capitaliste au XIXème siècle, seule une part infime de la population savait lire, écrire et était en mesure de disposer d’une quantité minimum de richesse. De ce fait, seule cette minorité était en mesure de décider du fonctionnement de l’économie, puisqu’elle était la seule à disposer d’un patrimoine et d’une épargne suffisante pour investir dans le projet de son choix et donc influer sur les grandes orientations économiques du pays. Le reste de la population n’ayant pas d’autre choix que d’accepter les décisions de l’oligarchie et de vivre en conséquence.
Maintenant que le peuple est instruit et dispose lui aussi d’un patrimoine et d’une épargne, il est en mesure de s’approprier le système financier et donc d’influer sur l’économie. Mais pour pouvoir se l’approprier, il faut une grande plateforme qui lui permettra non seulement de financer, mais aussi de décider des entreprises qui doivent voir le jour ou non. Cette plateforme, c’est l’Action Mutuelle d’Investissement. En effet, si les riches doivent réinvestir leurs capitaux dans l’économie réelle, tout comme les particuliers, il leur faut un intermédiaire qui réunira les capitaux de l’ensemble de ces acteurs de l’économie. Cela permettra aussi aux individus porteurs de projet d’être visibles et donc d’avoir plus de chance de recevoir ces mêmes capitaux pour financer leurs projets.
L’avantage de l’Action Mutuelle d’Investissement, c’est qu’elle créer de la richesse par le levier bancaire. Autrement dit, ce que place les gens, c’est uniquement pour garnir le fond de garantie, qui servira ensuite de référence pour le levier. Dans ces conditions, ce ne sont pas les fonds disponibles qui sont directement investis, mais la monnaie empruntée aux banques. De ce fait, la capacité d’investissement s’en trouvera multipliée. Par exemple, si des acteurs économiques (fonds d’investissement, particuliers, fonds de pensions, etc.) veulent investir 10 millions d’Euros, ils auront une capacité d’investissement de 50 millions d’Euros, si le levier est équivalent à cinq fois les capitaux du fond de garantie. De ce fait, si les projets financés sont un succès, de la nouvelle richesse est créé. S’ils échouent, le capital reste. Ce qui est un gage de sécurité, surtout lorsque de grosses sommes sont en jeu. Ce qui redonnera la confiance aux riches contribuables, comme aux épargnants, dont leur patrimoine servira directement à financer et développer l’économie en fonction de leurs visions.
De plus, cette plateforme donnera au plus grand nombre un accès au marché des Très Petites Entreprises ou micro-activités. Un marché qui leurs était inaccessible jusque-là. Mais comme l’AMI joue le rôle d’intermédiaire, les acteurs économiques placent leurs capitaux et usent de leur droit de vote en étant détenteur des quote part du fond de garantie et c’est la plateforme qui s’occupe du reste. C’est-à-dire le conseil, et l’accompagnement de la TPE en question. À noter que les quote part du fond de garantie permettent à leurs détenteurs de disposer d’un droit de vote selon le système coopératif. Autrement dit, selon le principe d’une personne physique, ou morale, pour une voix. Ce qui assure une certaine équité dans les prises de décision, puisque qu’importe la quantité de quote part dont on dispose, on a chacun le même droit de vote, et donc le même poids que les autres membres.