La N-VA en Belgique, les socialistes en France, tous vont dans le même sens : on est trop bien au chômage, il faut serrer la vis pour donner envie de bosser… comment peut-être assez con pour croire que de retarder l’âge de la retraite, augmenter le nombre d’heures de travail de ceux qui ont un emploi et réduire les droits des bénéficiaires du système social va créer de l’embauche? …Et pourtant, ils sont de plus en plus nombreux à « penser » ça, aussi incroyable cela soit-il!
Retraites
Alors que pour Juppé et Fillon, les retraites devraient être repoussées à 65 ans, Sarkozy, lui, propose de retarder l’âge de la retraite jusqu’à 63 ans à raison de 4 mois supplémentaires chaque année. Le gouvernement en place, on en sait trop rien, mais il conçoit qu’il faudrait retarder l’âge de la retraite en raison de la hausse de l’espérance de vie. Le Medef, quand à lui, a sa propre vision pour pérenniser les retraites complémentaires (sur le dos des retraités, bien évidemment).
Ce n’est pas exclusif, partout le ton est donné. En Suède, l’âge de la retraite a déjà été poussé à 64 ans avec pour conséquence immédiate une hausse du chômage des jeunes de moins de 25 ans qui est passé de 11% à plus de 14% pratiquement du jour au lendemain. Sans parler du chômage des seniors qui lui aussi à explosé.
Sommet du blues, Rama Yade propose tout bonnement l’instauration d’un service civique pour les retraités, rien de moins, et ce « jusqu’à la perte d’autonomie ». Autrement dit, vous bossez jusqu’à ce que vous soyez à l’agonie, à la suite de quoi vous allez toquer à la porte de l’EHPAD local à quatre pattes.
Chômage
Maggie De Block (Débloque) veut remettre les malades du travail de longue durée au boulot. Dans le même ordre d’idées, la N-VA veut « stimuler » les chômeurs de longue durée en leur réduisant les allocations. Rebsamen, Ministre du travail, après avoir soutenu que les chômeurs étaient trop confortablement installés s’est souvenu qu’il était socialiste et a proposé un plan fourni d’accompagnement vers l’emploi. Le point principal repose, pour le énième gouvernement consécutif, sur la formation. Désormais, un chômeur pourra disposer d’une formation qualifiante gratuite (à condition de ne pas être viré de chez Paul Employ, of course), ainsi, nous aurons des chômeurs plus compétents. Et, pour couronner le tout, on va les chaperonner dans l’entreprise pour rassurer le patron, ça c’est gentil.
Guillaume Richard, patron d’entreprise et membre de « Croissance plus », quand à lui, est persuadé que notre système décourage au travail. Pourquoi travailler quand on perçoit tant et tant d’allocations permettant de vivre dans la béatitude à ne rien glander chez soi. Pensez, certains perçoivent parfois plus de 1000€!
Les « prépensions »
Derrière ce terme joyeux qui fleure bon la retraite anticipée se cache une vérité un rien moins tendre. L’Allemagne pratique ce système depuis déjà longtemps, ainsi que la Suisse.
Le concept est assez simple : dès lors que vous êtes considéré comme trop vieux pour le système, vous pouvez décider de ne pas rester au chômage et demander votre retraite anticipée. Bien sûr, comme vous n’avez pas tous vos trimestres, votre retraite de base sera amputée. En attendant, au moment de la demande vous n’en êtes pas encore là. Alors, généreusement, on va vous débloquer votre caisse de pension, vous savez, celle qu’on ne peut débloquer que pour l’achat d’un appartement ou pour s’installer comme indépendant (ou à la retraite évidemment), afin de vous permettre de vous financer une « rente-pont » (je souligne ce terme crucial). Autrement dit, vous allez bouffer votre caisse de pension AVANT la retraite. Et si elle n’était pas suffisamment fournie et que vous calez avant la retraite officielle, eh bien on va compléter la durée par de l’aide sociale.
Vous voilà enfin parvenus à l’âge légal de la retraite…vous allez donc vous priver de votre complémentaire, puisque vous l’avez déjà bouffée. Vous vous contenterez donc de votre retraite de base…évidemment amputée des trimestres manquants et, surtout, calculée sur la base de la moyenne de vos derniers revenus, dont la misère que vous vous étiez royalement octroyé pour ne pas dilapider votre caisse de pension et l’aide sociale non moins royalement accordée. Ainsi, toute votre vie, vous avez scrupuleusement cotisé, vous vous êtes dit : « bon, à la retraite je vais moins toucher, je n’aurai que X% de mon salaire, mais j’aurai moins de frais, je vais bien vivre »…BEN NON! Ce sera, au mieux, la moitié, sinon le tiers (et fermez-là, parce que tout le monde n’a pas votre chance).
Evoluer?
La transition sociétale, ça ne vous dit rien? Le XXIème siècle, pour la part économique de la société, a commencé dès la fin des Trente Glorieuses, au début des années 70. Le travail n’a eu de cesse de diminuer depuis. Pas seulement chez nous, dans le monde entier. Bien sûr, les économies émergentes ont encore un solde net de création d’emplois fortement positif, mais sans corrélation avec leur mirobolante croissance. En réalité, la création d’emplois y est également déficitaire eu égard à la création de richesse.
Franchement, qui peut être assez idiot pour croire que de retarder l’âge de la retraite, de baisser les allocations des chômeurs, ce qui revient à affamer la population, va créer de l’emploi ? C’est fou, non?
Alors que la transition sociétale, ce serait si intelligente, si confortable, pour tout le monde et porteur d’innovation et de développement grâce à l’intelligence collective portée par la participation de ceux libérés de la contrainte de l’emploi, ce que Yann Moulier-Boutang nomme « capitalisme cognitif ».
Quel gâchis! Quel énorme gâchis…et tout ça pour la folie de quelques-uns qui sont prêts à tous les sacrifices, surtout ceux des travailleurs, pour éviter d’évoluer et rester plantés dans leur cher XXème siècle.