Après des années de recherches en prospective des solutions, j’en suis arrivé à cette conclusion: nous avons suffisamment de solutions pour réussir la transition écologique. Ce qui nous manque désormais, ce ne sont pas les solutions, mais la volonté de les mettre en oeuvre. Car pour que le problème écologique soit résolu, il ne suffit pas que des solutions existent, il faut qu’elles soient appliquées. Nous pourrions, d’ici quelques années, nous retrouver dans la situation absurde où nous aurions un effondrement alors même que nous avions toutes les solutions, simplement parce que nous aurions manqué de volonté de les mettre en oeuvre. La volonté est l’élément subjectif, passé inaperçu dans nos analyses objectives, qui détermine la vitesse et l’échelle de la transition réelle. Pour autant, face au mur d’indifférence et de déni auquel nous sommes confronté, il ne suffira pas d’en appeler à un sursaut volontariste.
Il s’agit de susciter le désir d’une transition systémique. Car seul le désir peut déclencher une volonté puissante et soulever une mobilisation constructive mondiale. Or voici des années que l’écologie, trop focalisée sur les éléments objectifs, délaisse la question de sa désirabilité, considérant qu’il suffit de provoquer la peur avec des nouvelles catastrophistes pour susciter l’action. Mais de telles nouvelles ne font que provoquer en nous un sentiment d’impuissance, une paralysie éco-anxieuse, un fatalisme suicidaire, une dissonance cognitive ou au mieux quelques actions tapageuses de militants désespérés. Les années passant, la population s’insensibilise et apprend à vivre sur fond de catastrophe écologique… Ainsi donc, la stratégie des affects négatifs, qui a connu son heure de gloire avec la collapsologie ces dernières années, est un échec massif. Loin de provoquer une mobilisation, elle provoque un repli survivaliste et une démobilisation fataliste, qui viennent compléter le tableau du cynisme et du déni ambiant. Les collapso-décroissants ne sont pas parvenus à proposer de nouveaux récits inspirants, ils en sont structurellement incapables, l’effondrement ne pouvant être qu’un drame. De cet échec nous devons à présent tirer les leçons et enclencher la réflexion en vue d’instaurer une nouvelle écologie.
Dans la première conférence, donnée au Festival Terre de Demain en septembre 2023, j’aborde à travers le concept d’écologie évolutionnaire, les différents paramètres qui pourraient déclencher à nouveau un véritable désir d’écologie et dans la suivante, donnée en décembre 2023 aux Arts et Métiers j’aborde de manière plus concrète la nécessité d’adhérer aux possibilités qui nous sont offertes. Bonne écoute!
Benjamin Rodier, Président du Courant Constructif