Merkel ou Cameron, même combat, c’est la misère qui ne vote pas qui les élit

Article de 2015

Outre le fait que les pauvres ne votent pas en faveur de leurs intérêts économiques la misère ça ne vote pas, ça s’enferme chez soi, pendant que les bénéficiaires des avantages du libéralisme remercient.

Non, l’élection de gens comme David Cameron ou Angela Merkel, ne sont pas les signes d’une satisfaction populaire…


La misère ne vote pas

Franchement, vous voyez une famille de 4 ou 5 personnes contrainte à mendier sa nourriture à la banque alimentaire aller voter?

Non, lorsque nous sommes dans une telle situation, nous allons plutôt rechercher à limiter les dépenses, éviter de sortir de chez soi pour toute autre raison que de se trouver une solution ou à manger, des choses importantes dont le vote ne fait pas partie.

Ainsi, plus votre modèle engendrera de misère et plus vous aurez de chances d’être réélu.

Qui vote en faveur de la redistribution de richesse?

…Ce sont les déciles du milieu de cadre les moins pauvres qui se pensent riches. De voter à gauche est un truc de « bobos ». L’électorat de gauche est constitué essentiellement d’une population éduquée, disposant d’une certaine conscience de l’économie, et ce alors même qu’elle sera victime de son choix par ses impôts, qui écrasent les classes moyennes.

A contrario, les déciles inférieurs du deuxième quart, ne supportant pas l’idée d’être classifiés comme pauvres, moins éduqués et donc moins conscients de l’économie et de la réalité de la richesse, se rêvant baignant à leur tour dans des piscines d’argent, votent en faveur de ce qu’ils perçoivent comme la possibilité de réussir économiquement. Soit ils ne voteront pas, soit, s’ils votent, ils voteront en faveur d’un système plus favorable aux riches, mais perçu comme offrant plus de chances de réussite. Les premiers déciles, constitutifs de la misère, ne votent pas.

…Il suffit donc de faire en sorte que les pauvres soient un tout petit peu moins pauvres et la misère plus profondément miséreuse pour être réélu.

Allemagne, Royaume-Uni, même combat, mêmes conséquences

L’Allemagne de Merkel, qui annonce des chiffres qui font pâlir d’envie ses partenaires est en réalité le pays à la population au patrimoine le plus faible. Son taux de remplacement à la retraite est le plus faible de l’OCDE. Ses infrastructures sont délabrées. Son système de chômage, avec la Loi Hartz IV (prononcez « Hartzfir » en expirant bien le h, vous comprendrez tout de suite mieux de quoi il retourne) engendre tout simplement l’esclavage. 8 millions de personnes travaillaient à temps plein de 40 heures par semaine pour moins de 800€ il y a encore peu. Avec le revenu minimum qui vient de s’instaurer, c’est un peu moins…mais il ne concerne pas les minijobs…ni les chômeurs de longue durée. Pour embaucher à 5€ de l’heure, il suffit d’attendre que le chômeur soit au chômage depuis un an.

La réalité allemande en un espace qui permet de mieux appréhender le problème. Les pauvres, moins mal payés grâce à l’argent qui n’est pas redistribué aux plus miséreux pointés du doigt par le reste de la population et qui s’enferment sur leur condition, et votent donc en faveur d’Angela Merkel qui fait d’eux des gens qui ne sont pas dans la situation de ceux que l’on montre du doigt. Les déciles les plus élevés percevant eux tous les avantages et étant les mieux éduqués et sans scrupules constituant son socle de base.

Si on gratte le vernis de la réussite, on entrevoit une autre réalité, mais ce n’est pas l’observation et l’analyse qui votent, mais la perception.

Si on va au Royaume-Uni faire la même observation, on constate les mêmes défauts. Un marché intérieur en berne, un comportement économique déloyal envers les partenaires européens (si l’Allemagne a bénéficié d’un avantage sur la conversion du Mark en Euro pour aider à la réunification, la plaçant de fait dans une situation économique dominante dont elle abuse aujourd’hui, le RU, lui, n’est pas contraint par les règles de l’Euro qu’il n’a pas adopté, en s’octroyant un passe-droit en tant que membre fondateur de l’UE) et un comportement financier ultra-libéral que Friedman ou Smith vomiraient.

L’un et l’autre pratiquent tout simplement l’esclavage. En Allemagne, les minijobs, au Royaume-Uni, les contrats 0 heure et même le travail…gratuit (si, si). Vous le signez…et vous attendez qu’on vous appelle. Rien n’oblige à faire appel à vous et si vous n’êtes pas disponible au moment où on vous appelle, vous pouvez être amené à indemniser votre employeur pour la perte que votre inconséquence lui a fait subir.

Ce n’est encore rien, c’est que ça ne marche pas!

Malgré tout ceci, malgré sa balance commerciale massivement bénéficiaire, l’Allemagne n’a eu que 0.4% de croissance en 2014. Mais son système social a été gravement compromis par tant d’années de gestion de Merkel, ses infrastructures ont un retard d’investissement de 1000 milliards, le pays compte 12.5 millions de miséreux parmi 17 millions de pauvres, un marché intérieur qui peine à redémarrer malgré les effets délétères du revenu minimum, une démographie en berne…parce que de faire des enfants coûte trop cher pour les allemands!

Du côté des britanniques, la croissance est au beau fixe : 2.8%, même s’il est vrai qu’elle a brutalement plongé fin 2014…mais alors le déficit budgétaire est à 5.1%, l’endettement s’est brutalement accéléré, les inégalités n’ont jamais été aussi fortes, pour prendre la place -apparemment enviée- de cinquième économie mondiale, Cameron est allé jusqu’à intégrer dans le calcul du PIB le trafic de drogue et la prostitution. Qui sont aussi des industries, il est vrai…mais qui ne sont pas pour moraliser le PIB, on est pas dans l’Amérique du Sud des années 80.

Ainsi, Merkel et Cameron ont tous deux été réélus non pas par la satisfaction populaire, mais en concentrant dans l’abstention l’incapacité sociale de voter!

La misère, ça ne vote pas, ça a d’autres préoccupations, plus terre-à-terre. Pour être élu, il y a deux solutions :

  1. que l’on vote pour vous
  2. que l’on ne vote pas pour un autre

Si vous êtes suffisamment dépourvu de scrupules pour faire en sorte que le peuple ne soit plus capable de voter contre vous, alors la politique est votre voie toute tracée.

 

 

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Auteur/autrice : Thierry Curty

Designer sociétal, inventeur d’un concept intégral économique, écologique et sociétal, co-fondateur de Courant Constructif, auteur, Fervent contemplateur de l’Humanité. De convictions profondes et à l’esprit libre. Passionné d’Économie, de Sociologie, d’Écologie, dans une vision holistique, l’épistémologie est le moteur de ma réflexion, source de ma conviction. Je soutiens la transition sociétale, inéluctable à terme, préalable incontournable des grandes transitions, écologique, énergétique, agrobiologique, qui en sont ses corollaires, et tente de l’expliquer et la dédramatiser, de faire passer le message que loin d’être une fin elle est un nouveau commencement, une solution aux problèmes que nous rencontrons aujourd’hui. Inéluctable, mais aussi nécessaire et souhaitable, confortable pour tous.

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