Le vaccin et sa cohorte de résistants

Des pensées, des interrogations au cours de cette fin d’août  2021

Liberté Égalité Fraternité. Depuis quelques temps, ces trois mots m’interpellent plus que d’habitude. Un seul est proclamé dans les manifs. Liberté ? De se faire ou non vacciner ? Je suis vaccinée. J’ose l’avouer…
Je ne suis pas fan des piqures de toute sorte. J’ai pensé que c’était un moyen « fraternel » de sortir de la pandémie. Je l’ai fait « librement ». Je respecte les personnes qui ne le sont pas pour des raisons mûrement réfléchies ou indépendantes de leur volonté. Cependant, il est venu jusqu’à moi que certaines comparaient la période que nous vivons à celle du nazisme, que pour d’autres ou les mêmes, les non-vaccinés étaient des « Résistants » à l’instar de leurs aïeux de 39-45 ; que des vaccinés allaient sans doute dénoncer de « nouvelles Anne Franck », et que de plus ceux-ci étaient à fuir de peur d’une contamination transgénique.

Parfois je ne sais plus si je dois pleurer ou rire. Je me rappelle que quand j’avais une quinzaine d’années, un de mes livres de chevet était « le Journal d’Anne Franck ». Et remonte aussi en moi cet évènement de mon enfance qui s’est inscrit dans mon inconscient en 1944 :
J’ai deux ans et demi. Je suis dans une chambre avec mes parents et ma sœur. À l’extérieur des coups de feu : un jeune homme d’une vingtaine d’années est mitraillé. Mon père sort de la chambre, et s’enfuit en sautant des barrières qui lui auraient été infranchissables en temps normal. Des hommes armés entrent dans la chambre, fouillent partout, en disant : « n’ayez pas peur, nous ne sommes pas des résistants ». Ils demandent à ma mère d’aller leur ouvrir d’autres chambres dont elle n’a pas la clé, ils enfoncent leurs portes à coups de baïonnette. Une balle perdue frôle ma mère. Dans la journée, des résistants furent emmenés à la ville la plus proche. Heureusement pour eux et pour nous, quelques jours plus tard ce fut la Libération.

Cet évènement fut raconté un très grand nombre de fois par ma mère. Sans doute un moyen pour elle de s’en libérer. Je n’en ai eu aucun souvenir conscient, cependant il m’a accompagné tout au long de ma vie. Il a ressurgi lors de thérapies pour me permettre de me construire. Il a donné à mon enfant intérieure et à l’ancêtre que je suis devenue, la force d’avancer dans la vie envers et malgré tout. Ceci, en restant en accord avec les valeurs des résistants de l’époque, tout au moins ceux que j’ai connus, en particulier mon père. Peu après cet événement et jusqu’à sa mort, mon père, élu maire, a œuvré pour la reconstruction d’une commune, pour faire vivre ensemble tous les habitants d’un village après les déchirements de la guerre. Il était aussi un fervent défenseur de l’instruction pour tous, d’un accès pour tout un chacun à la Connaissance afin « de nourrir son esprit pour le faire vivre… ».

1er septembre 21

Une information me donne l’impression d’être moins isolée : quelques personnes en majorité aux cheveux gris, ont manifesté avant-hier à Lyon. Elles sont pour la vaccination comme étant la seule solution à la pandémie. Personnellement je pense que c’est le meilleur moyen pour s’en sortir collectivement. Cependant pour moi, là n’est pas l‘essentiel. Ce qui est important, c’est qu’elles s’élèvent, entre autres, contre l’amalgame que certains font entre vaccinés et fascistes. Et alors que des évènements terrifiants ont lieu en Afghanistan, elles ne peuvent accepter d’être considérées comme soutien d’une dictature. Pour moi, elles pointent l’urgence de trouver des solutions viables face à cette pandémie, au-delà de toute divergence politique, en prenant de la distance par rapport à nos émotions avec raison gardée.

Alors n’est-ce pas le moment ou jamais, de faire vivre notre esprit au travers des besoins de nos âmes et corps ? Alors je recherche le pourquoi de mon besoin de témoigner d’un passé à travers un évènement de mon enfance. Germaine Tillon, Résistante reconnue, rentrée au Panthéon récemment, disait que « la nécessité de témoigner » avait été l’élément de sa survie. Bien évidemment, mon vécu n’est pas comparable au sien, ni à celui de mes parents. Et étant encore bébé à la Libération, je n’ai eu aucune action dans aucun des groupes d’opinion de l’époque. Cependant, non seulement je me suis sentie blessée et même niée par les propos cités ci-dessus, j’ai eu aussi l’impression que soit était condamnée toute la lignée dont je suis issue, soit j’en devenais une traite. Ceci bien sûr n’a rien de rationnel, pas plus que les propos que je dénonce.

Alors je questionne : le fait que je sois fille de résistants ou de collaborateurs, doit-il intervenir sur ma décision actuelle ? Ceci rend-t-il mes gènes plus aptes à la rendre bonne cette décision ? Alors je me dis : témoigner c’est important pour que ne se reproduisent plus des actes iniques, pour que « survive » l’espèce humaine dans les meilleures conditions possibles de coopération, de « collaboration » entre ses membres. Témoigner c’est important pour montrer que cette espèce humaine a survécu, « a résisté » a beaucoup de vicissitudes. Je me dis aussi que seulement témoigner ne suffit pas, que « résister » pour « résister » suffit encore moins, à moins que ce soit pour transcender le passé, en faire un tremplin pour un meilleur avenir.

À proximité de l’extrémité de la rue où j’habite, il est écrit, pour honorer le Résistant Jean Moulin, « résister, c’est créer ». Quelle belle et juste phrase !
Si résister c’est créer, résister c’est inventer, imaginer, concevoir, produire, réaliser de nouvelles manières de vivre ensemble. Si Résister c’est créer, résister c’est aller alors vers le futur parfois en transformant le passé, en y puisant ce qui fait l’essence universelle de l’humain, mais en y expulsant ce qui l’empêche d’avancer. L’humain est un être social, et les décisions qu’il prend, en ce qui concerne un fait collectif, influent sur l’ensemble de la société et non seulement sur lui-même. La pandémie est un de ces faits collectifs. Peut-on alors décider en ne s’orientant que sur soi ? Ne devons-nous pas « collaborer » entre nous pour « résister au virus » ?

Pour cela ne devons-nous par sortir des amalgames que nous pourrions avoir tendance à faire lorsque l’autre ne partage pas exactement notre opinion : amalgame d’une part entre vaccinés et fascisants, d’autre part entre non-vaccinés et personnes déraisonnables par exemple ? Ne devons-nous pas sortir des dichotomies ? Chaque être humain a souvent plusieurs facettes. Découvrons celles qui vont nous permettre de construire ensemble, et non nous opposer. Celles qui nous ouvrent à la fraternité, et à des actions librement consenties pour le bien de tous. Surtout que pandémie ou non, deux autres problèmes de société intimement liés nous interpellent : la pollution de notre planète et le réchauffement climatique. Et nous ne pouvons les laisser de côté en nous occupant que du premier. Comment savoir ce qui est pour le bien de tous ? À qui faire confiance, surtout, quand comme moi, nous ne sommes pas spécialistes des maladies infectieuses ?

Je consulte avec mes moyens ceux qui le sont, et encore une fois je demande à mon esprit de se nourrir des ressentis de mon corps et des besoins de mon âme. Et je me dis : oui j’ai eu des effets secondaires lors de mes vaccinations, et j’en aurai sans doute encore lors des prochaines. Oui, la vaccination n’est pas la panacée, et elle ne va pas éradiquer le virus comme par un coup de baguette magique. Oui, il peut être préférable pour certaines personnes de ne pas la faire, et nous devons en tenir compte.
Je me pose aussi la question : y-a-t-il assez de recul par rapport à ces nouveaux vaccins, en connaissons-nous les effets secondaires à moyen et long terme ? Sans doute non. Cependant pouvons-nous attendre cinq, six ans ou plus pour les connaître ces effets ?

En attendant d’autres maladies ne seront plus soignées : personnellement j’ai un ami qui attend une opération, et qui faute de place en hôpital, risque fort de quitter ce monde prochainement. Et sans doute n’est-il pas le seul dans ce cas. En attendant, le climat se dégrade et la pollution augmente. Et si rien n’est fait, un jour les survivants non-vaccinés… et les vaccinés… ne pourront que contempler l’apocalypse ! S’ils en ont encore la force… Alors j’ai fait le choix de la vaccination, tout en continuant à lui associer une alimentation saine et des soins de médecine douce. J’ai fait ce choix en mon âme et conscience.

J’ai été perturbée par les propos de certaines personnes. Pour sortir de cette perturbation, j’ai eu le besoin de m’exprimer dans un esprit de liberté fraternelle. Je ne cherche pas à convaincre mes lecteurs. Je cherche à leur dire : nous sommes tous égaux devant la mort, en attendant respectons-nous, et ne nous accusons pas de tout et n’importe quoi.

Et même s’il est possible que nous devions apprendre à vivre avec ce virus pendant un certain temps, ne devons-nous pas aussi apprendre à collaborer pour créer des solutions, et permettre de faire appliquer ces solutions pour le bien de la biodiversité terrestre à laquelle nous appartenons.

Personnellement, pour cela je me tourne actuellement vers un mouvement citoyen visant à instaurer un climat constructif pour faire face à la crise de la modernité. Sa mission : valoriser les solutions émergentes dans tous les secteurs et rassembler pour les porter.

Pour celles et ceux qui seraient intéressés :
@CourantConstructif · Organisation non gouvernementale (ONG)
http://courantconstructif.com/

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