La révolution numérique impose une horizontalisation du management des entreprises

Si l’automatisation a considérablement amélioré la productivité des entreprises, à tel point d’avoir de moins en moins besoin de main d’œuvre pour produire les biens et les services, elle a aussi bouleversé leur mode de gouvernance. Durant les débuts de la Révolution industrielle, les limites de la technologie imposaient un très grand nombre de salariés pour assister des machines qui ne pouvaient qu’augmenter leur force musculaire. De ce fait, il fallait organiser la production en la divisant en de nombreuses unités de production, où travaillaient un certain nombre d’ouvrier dans chacune d’entre elles. Chacune de ces sections étaient gérées par des managers qui rendaient des comptes à leurs supérieurs qui eux, géraient un ensemble d’unité de production.

Avec l’arrivée de l’automatisation de la production, les tâches intellectuelles sont devenues plus triviales que les tâches manuelles, désormais en grande partie exécutées par des robots et des ordinateurs. De ce fait, plus besoin d’un très grand nombre de salarié, qu’il faut gérés dans de nombreuses unités de production. Les postes nécessitent désormais de plus en plus de compétences et d’autonomie de la part de ceux qui les occupent. Ils nécessitent davantage de personnes instruites, disposées à penser plutôt qu’à exécuter des tâches répétitives à longueur de journée. Nous verrons que dans les entreprises de demain, qui évolueront dans le cadre d’un environnement économique collaboratif, les salariés ne seront plus de simples exécutants, mais de véritables collaborateurs indépendants qui développeront eux-mêmes l’entreprise pour qui ils travaillent.

Lors des débuts de la Révolution Industrielle, les usines nécessitaient un grand nombre de salariés et de nombreux managers pour les encadrer

Du début du XIXème jusqu’au milieu du XXème siècle, les ouvriers étaient encore largement frustres et incultes. Ce qui fait que les seules tâches qu’on pouvait leurs confier étaient des tâches simples et répétitives. Notamment de serrer des boulons ou encore ajuster des pièces sur une chaîne de montage. Cela tombait à point nommé, les limites technologiques ne permettaient pas de produire autrement qu’avec de la main d’œuvre humaine, comme tenu du fait que les machines ne pouvaient fonctionner seules. Et comme il fallait guider cette masse laborieuse, il fallait des managers, généralement issus des couches supérieures de la société, qui étaient les seules à disposer d’une éducation suffisante, pour ainsi les encadrer. C’est donc pour cette raison que les vieilles industries devaient se doter de nombreuses couches managériales, pour gérer efficacement cette main d’œuvre nombreuse, frustre et inculte.

De plus, les vieilles industries devaient produire d’énorme quantité de biens, pour ainsi donner le plus de travail possible aux individus, et les limites technologiques faisaient qu’il fallait énormément de monde pour faire fonctionner un tel outil de production. Pour pouvoir produire en grande quantité, il fallait se doter d’immenses bâtiments d’usine, d’une grande quantité de machines, de zones de stockages, et ainsi de suite. Il fallait donc beaucoup d’espace et beaucoup de sections annexes pour permettre aux ouvriers de disposer de ce dont ils avaient besoin pour travailler dans les meilleures conditions. Ce qui nécessitait la présence de nombreux managers pour piloter cet ensemble de travailleurs, œuvrant pour faire fonctionner cette gigantesque machine à produire. Il fallait organiser la production en la divisant en de nombreuses unités où chacun était destinés à produire telle ou telle pièces ou telle ou telle composant de tel ou tel produit. Chacune de ces unités étaient occupées par des salariés qui avaient chacun un rôle bien défini et comme les machines ne pouvait rien faire d’autre que de démultiplier la force musculaire des hommes, il fallait de nombreux salariés pour produire les biens requis. Pour coordonner ces mêmes unités de production, il y avait des managers dans chacune d’entre elles. Managers qui devaient rendre des comptes à leurs supérieurs qui eux, dirigeaient des ensembles d’unité de production, qui eux-mêmes devaient rendre des comptes aux dirigeants de l’ensemble de l’entreprise.

Bref, les anciennes techniques de production nécessitaient un très grand nombre de salariés, du fait que les machines ne pouvaient fonctionner seules. Pour la plupart frustres et incultes, il fallait organiser et coordonner toute cette main d’œuvre, de sorte que les différentes unités de production produisent de façon efficace. Ce qui nécessitait la présence de nombreux managers, organisés dans un système hiérarchique vertical, pour coordonner ces mêmes unités de productions.

 

Le numérique vient bouleverser le management dit « vertical » ou « pyramidal »

Dès les années 1980, l’évolution technologique a permis la mise en place d’un nouveau mode de management. En effet, avec l’arrivée des premiers ordinateurs, de nombreuses tâches répétitives qui ne pouvaient jusque-là être réalisées sans présence humaine, sont désormais réalisées automatiquement avec seulement quelques salariés hautement qualifiés. De ce fait, de nombreuses unités de productions deviennent inutiles puisque les ordinateurs sont capables de réaliser à eux-seuls les mêmes tâches de plusieurs dizaines de salariés. Les unités de production se compactifient. De plus, les managers deviennent également de moins en moins nécessaires puisque les ordinateurs, une fois programmé, n’ont pas besoin d’être guidés en permanence et réalisent seuls les tâches qui leurs sont assignées.

Tout cela libère du temps aux salariés pour se consacrer à des tâches plus intellectuelles qui ne peuvent être encore entièrement automatisées. Tout du moins jusqu’à ce que l’intelligence artificielle soit suffisamment développée pour faire les tâches en question dans les prochaines décennies à venir. De fait, plus besoin de mettre en place de nombreuses unités de productions au sein d’une entreprise, puisque les ordinateurs effectuent les tâches de dizaines de salariés à eux-seuls. De plus, ils n’ont pas besoin que des managers coordonnent leur travail, puisqu’ils peuvent travailler quasiment sans interventions humaines. Il devient de moins en moins nécessaire qu’une entreprise organise sa production en la divisant en section, gérée par des managers.

C’est par ailleurs de cette manière que sont gérées de nombreuses entreprises du secteur des hautes technologies, comme c’est notamment le cas chez les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft). Pour donner un exemple, chez Google, on ne compte que trois couches hiérarchiques au sein de l’entreprise. Cela a l’avantage de mettre les salariés, quelque soit leur niveau hiérarchique, sur un certain pied d’égalité. Ce qui permet à ce que les idées, issus des différents collaborateurs, circulent le plus rapidement possible dans l’entreprise. Et pour cause, les salariés étant instruits et dans certains cas plus informés que leurs supérieurs, sont à même de proposer des solutions pour ainsi permettre à ce que leur employeur progresse dans sa croissance.

 

Une automatisation des tâches permettant le télétravail

Avec l’informatisation et les progrès des télécommunications, grâce notamment à l’arrivée d’internet, la présence humaine est de moins en moins nécessaire dans les usines. Il suffit de comparer les usines du XXème siècle, qui fourmillaient de salariés, alors qu’aujourd’hui, ce sont essentiellement des robots qui ont pris le relais. Des robots qui peuvent être surveillés à distance. Les tâches répétitives de plus en plus exécutées par des robots, eux-mêmes commandés par une intelligence artificielle de plus en plus performante, les salariés sont désormais de plus en plus cantonnés à des tâches qui consistent à penser et élaborer des projets au sein de leur entreprise, en prenant eux-mêmes des initiatives. Ce qui rend inutile une présence humaine permanente dans les locaux des entreprises. C’est pourquoi il ne serait pas impertinent de privilégier à l’avenir le télétravail.

Cette généralisation de ce mode de travail, permis par les progrès des technologies de la communication, a de nombreux avantages. D’un point de vue financier pour les entreprises, c’est beaucoup d’économies de réalisées. En effet, on supprime des surfaces de location de bureaux, des surfaces de parking et autres infrastructures (réfectoires, vestiaire, douches, etc.). Les locaux peuvent donc être à surface plus réduite. Les salariés peuvent accomplir leurs tâches depuis leur domicile, ce qui élimine la nécessité d’indemniser les kilomètres parcourues, sans compter sur un meilleur compromis entre travail et vie privé. C’est aussi un énorme gain d’un point de vue écologique puisque les salariés n’étant plus obligés de se déplacer quotidiennement, cela fait moins de pollution puisqu’il y aura de moins en moins de voitures qui circulent en même temps, provoquant la pollution. C’est aussi moins de surfaces rognées au détriment de la biodiversité et des écosystèmes.

 

Des salariés voués à prendre des initiatives aux sein de leur entreprise

Comme mentionné précédemment, du fait que les robots seront de plus en plus nombreux à effectuer les tâches répétitives, les derniers salariés seront plus instruits et seront amenés à effectuer des tâches consistant davantage à penser et élaborer les grandes orientations de l’entreprise pour qui ils travaillent, que de se contenter d’exécuter des tâches simples et répétitives. De ce fait, les entreprises pourraient être amenées à devenir de véritables incubateurs où les salariés prendront l’initiative de créer et gérer eux-mêmes leur unité de production.

Pour donner un exemple, les robots cultiveraient les légumes pendant que les salariés, qui pourront au fur et à mesure se libérer de plus en plus de tâches répétitives, pourront occuper dans l’entreprise une tout autre place. Pendant que les robots travailleront à leur place, ils auront le temps d’initier des projets au sein même de leur entreprise, comme intrapreneurs. En plus de développer une branche agricole pour cultiver de quoi se nourrir, ils pourraient développer une branche pour produire les robots ou une autre pour produire de l’énergie en développant des ENR. Toute la beauté de l’automatisation, c’est que la cadence de production ainsi que la forte valeur ajoutée pourrait être telles qu’ils pourraient dégager des excédents et ainsi réaliser des bénéfices supplémentaires en revendant les surplus à d’autres entreprises ou à des particuliers.

Toutes ces initiatives internes aux entreprises pourraient très bien être financées non seulement par l’entreprise, mais aussi par la toute nouvelle plateforme de financement participatif qu’est l’Action Mutuelle d’Investissement, ou AMI. Pour rappel, les financiers et les épargnants mettent leur argent dans le fond de garantie de cette plateforme, ce qui sert ainsi de réserve pour permettre aux banques de prêter l’équivalent de plusieurs fois le montant de cette réserve. Ainsi les investisseurs se retrouvent avec une capacité d’investissement accrue. Et comme il s’agit d’un système de financement participatif, les individus auront le pouvoir de décider si une entreprise doit voir le jour où non.

Pour en revenir à notre exemple, si les entreprises veulent financer les projets de leurs intrapreneurs, ou si ces mêmes intrapreneurs veulent prendre l’initiative de se financer eux même, ils font appel à l’AMI. Leur demande aura de forte chance d’aboutir puisque les individus sont toujours enclins à financer des projets écologiques et garantissant le bien-être des salariés. De ce fait, ce genre d’initiative au sein même des entreprises pourraient être nombreux à voir le jour. Les salariés seront amenés à être de plus en plus indépendants, pour ainsi prendre les devants au sein même leur entreprise, dont le fonctionnement deviendra de plus en plus démocratique. En effet, au lieu de travailler à faire des tâches répétitives, qui elles seront exécutées par des robots, les salariés auront le temps de proposer des projets pour améliorer leur entreprise. Ce qui est possible grâce à leur connexion internet et à leur haut niveau d’instruction, que leurs alleux n’avaient pas, qui permettent d’avoir accès à l’information en permanence, et donc aux idées des autres et ainsi échanger avec eux.

 

La nécessité de mettre en place la Transition Sociétale

Pour que ces initiatives intraprenariales voient le jour, il faut la mise en place d’une série de mesures fiscales qui, en plus de succéder à l’impôt sur le revenu, inciteront les riches à réinvestir leurs capitaux dans l’économie réelle. Ces trois impôts sont l’impôt sur le niveau de vie, l’impôt sur l’inégalité et enfin un nouvel impôt sur les dividendes. Mais cela ne suffit toujours pas. En effet, l’investissement des capitaux des riches seuls n’est ni plus ni moins qu’un transfert d’une poche à une autre. Or, il faut créer de la richesse. De plus, dans cette configuration, seuls les riches pourraient investir dans l’économie réelle, et ce n’est justement pas le but recherché. Il faut que l’individu lambda puisse aussi influencer sur des projets en ayant une certaine capacité d’investissement.

C’est là qu’intervient la nécessité de mettre en place un système de financement participatif qui sera le pilier de l’économie du XXIème siècle : l’Action Mutuelle d’Investissement. Il s’agit d’une plateforme de financement participatif qui réunira les capitaux de l’ensemble de la société, riches et moins riches, et disposant du levier bancaire, pour ainsi démultiplier la capacité d’investissement des individus et créer de la richesse. Ce levier bancaire sera particulièrement utile pour les individus issus de la diversité car non seulement cela démultipliera leur capacité d’investissement, et donc leur influence dans l’économie réelle, mais en plus, cela sécurisera d’avantage leurs capitaux puisque ce ne sera pas leur argent qui sera directement investit, mais bien de la monnaie crée pour les investissements en question grâce à l’effet de levier fournit par les banques qui prêteront à l’AMI.

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