Expérimentation animale : des solutions existent !

 

N.B : RDV à Paris ce 18 décembre 2023 aux Arts et Métiers pour poursuivre le débat autour de l’écologie évolutionnaire.

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Les avancées dans le domaine des technologies et des sciences ont permis de développer plusieurs alternatives prometteuses à la vivisection, réduisant ainsi la nécessité des tests sur les animaux. Comme toujours, c’est la créativité humaine au service de l’évolution globale qui permet de véritables avancées éthiques et non pas la posture oppositionnelle seule, appelant à la privation morale de fonctions nécessaires à la civilisation. Nous avons besoin de tester les produits que nous concevons avant de les appliquer en situation réelle aux humains. Toutefois, grâce à l’innovation, nous allons pouvoir nous passer de nos frères non-humains pour assumer cette fonction. L’article suivant présente les alternatives les plus notables à l’expérimentation animale, accompagnées de leurs sources respectives.

  • Microfluidique et biopuces: La microfluidique permet la manipulation précise de très petites quantités de fluides, souvent à l’échelle des microlitres ou moins, dans des dispositifs miniaturisés. Cette technologie est particulièrement utile pour recréer des environnements cellulaires complexes et contrôlés, simulant ainsi des conditions physiologiques réalistes. Elle permet de mener des études détaillées sur les interactions cellulaires, la réponse aux médicaments, et les processus pathologiques sans recourir aux tests sur les animaux.

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La puce microfluidique isolée est un ensemble de micro-canaux gravés ou moulés dans un matériau en verre rendu 3D
  • Les biopuces, intégrant les principes de la microfluidique, sont utilisées pour analyser un large éventail de réactions biologiques sur une seule puce. Elles permettent l’analyse simultanée de multiples paramètres, facilitant ainsi la détection rapide et précise d’effets biologiques, tels que la réponse génétique ou protéique à des substances chimiques. Ces dispositifs sont particulièrement efficaces pour les tests de toxicité, l’évaluation des effets pharmacologiques, et le criblage de haut débit de composés, réduisant considérablement le besoin de recourir à l’expérimentation animale. En simulant des fonctions d’organes spécifiques (comme les organes sur puces) ou en utilisant des cultures cellulaires complexes, la microfluidique et les biopuces offrent des modèles de recherche plus pertinents pour la physiologie humaine, augmentant ainsi la fiabilité des résultats et minimisant l’utilisation d’animaux en laboratoire.

 

  • Organes sur puces (Organ-on-a-chip) : Les « organes sur puces » sont une sous-catégorie spécifique des technologies de microfluidique. Ces dispositifs utilisent des cellules humaines pour simuler la structure et la fonction des organes sur des puces microfluidiques. Ces systèmes peuvent reproduire des fonctions physiologiques clés des organes humains, permettant ainsi des expérimentations plus précises et pertinentes pour les humains​​​​​​​​​​.

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  • Cultures cellulaires 3D : Ces cultures offrent une meilleure approximation des tissus vivants par rapport aux cultures en 2D, permettant ainsi d’étudier l’effet des médicaments dans un environnement plus réaliste​​​​​​​​.

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  • Organoïdes : Les organoïdes sont des structures miniatures cultivées en laboratoire à partir de cellules souches, imitant la structure et la fonction de divers organes. Ils fournissent une plateforme pour étudier les maladies et tester des médicaments de manière plus éthique et proche de la réalité humaine​​​​​​​​​​.

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  • Modélisation informatique et simulation : L’intelligence artificielle et d’autres outils informatiques permettent de simuler des systèmes biologiques et des processus de maladies. Ces modèles peuvent prédire les effets des substances chimiques et des médicaments sur les organismes vivants, réduisant ainsi le besoin de vivisection​​​​​​​​​​.

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  • Modèles Informatiques de Prédiction de Toxicité : Des logiciels avancés sont capables de prédire la toxicité de substances basées sur des structures chimiques connues. Ces modèles, comme le QSAR (Quantitative Structure-Activity Relationship), aident à réduire le nombre de tests nécessaires sur les animaux en évaluant le potentiel toxique avant les essais in vivo.
  • Techniques d’imagerie avancées : Des techniques comme la tomographie par ordinateur et l’imagerie par résonance magnétique (IRM) permettent d’étudier les processus biologiques en temps réel sans recourir à la vivisection​​​​​​​​.

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  • Peau Humaine Reconstituée et Autres Tissus Artificiels : Des modèles de peau humaine reconstituée, comme Episkin, permettent de tester l’irritation cutanée, la corrosion et d’autres réactions sans utiliser d’animaux. Ces modèles peuvent être étendus à d’autres types de tissus, offrant des plateformes d’essai plus précises pour les réactions cutanées et autres.
  • Systèmes d’Analyse Biologique à Haut Débit : Les systèmes d’analyse biologique à haut débit représentent une avancée majeure dans la recherche biomédicale. Ils permettent d’analyser rapidement et efficacement un grand nombre de substances chimiques ou de composés pour évaluer leurs effets biologiques. Cette technique, qui n’a pas besoin de recourir à des modèles animaux, utilise diverses plateformes telles que les puces à ADN, la cytométrie en flux et les systèmes de screening cellulaire automatisés. Ces technologies sont capables de détecter des interactions moléculaires, d’évaluer l’activité pharmacologique de composés, et de mener des études de toxicologie à une échelle jusqu’alors inimaginable, le tout avec une précision et une rapidité accrues.

  • Technologies de Bioimpression 3D : La bioimpression 3D permet de créer des tissus et organes en trois dimensions, fournissant des modèles plus complexes pour les tests de médicaments et la compréhension des maladies. Cela ouvre la voie à des études plus précises sur des structures biologiques humaines.

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  • Tests sur Cellules Humaines Primaires :L’utilisation de cellules humaines primaires, issues directement de patients ou de donneurs, offre une alternative précieuse aux modèles animaux. Ces cellules maintiennent de nombreuses caractéristiques physiologiques des tissus d’origine, fournissant ainsi un modèle plus précis pour étudier les réactions humaines aux traitements. Ces cultures permettent d’observer directement les effets des médicaments et des composés chimiques sur les cellules humaines, réduisant ainsi les incertitudes liées aux différences interspécifiques observées dans les modèles animaux.

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  • Utilisation de Tissus et Organes Post-Mortem Humains : Les tissus et organes prélevés après le décès d’individus peuvent être utilisés à des fins de recherche, offrant une source précieuse de matériel biologique humain. Cette approche réduit le besoin d’expérimentation animale tout en fournissant des informations détaillées et pertinentes sur la physiologie humaine. L’étude de ces tissus permet non seulement de comprendre mieux le fonctionnement normal et pathologique du corps humain, mais aussi de tester l’efficacité et la sécurité des traitements médicaux.

Ces alternatives, souvent plus pertinentes pour la physiologie humaine que les modèles animaux, aident non seulement à réduire la dépendance à l’égard des tests sur les animaux, mais peuvent aussi conduire à des découvertes plus précises et pertinentes pour le traitement des maladies humaines.

Qu’en pensent les anti-technosolutionnistes pro-animaux ? 

Il semble que le technosolutionnisme ait tout de même du bon ! Et l’on voit ici que, contrairement à ce qu’affirment les collapso-décroissants, il ne s’applique pas seulement à l’enjeu de la décarbonation et de l’énergie, mais aussi à celui de la cause animale. En ce sens, le technosolutionnisme n’est pas nécessairement anthropocentré mais peut participer d’un certain biocentrisme et venir matérialiser dans nos comportements la reconnaissance de la valeur intrinsèque des êtres vivants.

Nous serions d’ailleurs curieux de savoir si monsieur Barrau, si sensible à la cause animale qu’il estime devoir minimiser l’enjeu climatique pour la mettre en avant, est pour ou contre ces solutions.

On sait que pour les collapso-décroissants, penser en termes de solution est une erreur, car les problèmes sont systémiques et insurmontables (predicament). On sait aussi qu’ils sont contre les solutions techno-scientifiques. Sont-ils donc opposés aux alternatives techno-scientifiques à l’expérimentation animale?

Ces solutions sont-elles fondamentalement antinomiques avec les solutions plus intérieures liées à l’évolution de notre rapport aux êtres non-humains, à la prise de conscience de leur valeur intrinsèque, au développement d’une forme d’amour méta-spéciste et d’un sentiment de fraternité terrienne? La transition extérieure vient-elle occulter la nécessaire transition intérieure ou permet-elle à cette dernière, comme je l’ai montré dans mes travaux, de la concrétiser ? L’écologie évolutionnaire, elle, n’oppose pas les solutions extérieures et les solutions intérieures, mais considère qu’elles participent toutes d’une solution intégrale, l’extérieur reflétant l’intérieur, les deux co-évoluant en interaction constamment.

La mode du moment veut aussi qu’on oppose, avec monsieur Barrau, les solutions techno-scientifiques aux solutions éthiques et politiques. Les premières occulteraient les secondes, qui seraient une dimension plus profonde, qu’on ne voudrait pas voir. Mais les alternatives techno-scientifiques à l’expérimentation animale nous détournent-elles de choix politiques plus profonds? Ces alternatives ne pourraient-elles pas, au contraire, nourrir des programmes politiques et des évolution législatives? Le politique a besoin d’options pour constituer une force propositionnelle et bien souvent ces options sont rendues possibles par la techno-science. Vouloir opposer les solutions éthico-politiques aux solutions techno-scientifiques, n’est-ce pas priver les deux de la possibilité d’exister? Le développement des alternatives techno-scientifiques à l’expérimentation animale n’est-il pas d’emblée mû par des motifs éthiques? Le fait que la science doive traduire les intentions éthiques en inventions techniques pour pouvoir les concrétiser fait-il de la science un domaine séparé de l’éthique? Le fait que la science doive opérer librement vis-à-vis des idéologies politiques fait-il d’elle une activité séparée, dans ses motifs, des affaires de la cité?

Au Courant Constructif, nous ne hiérarchisons pas les solutions selon notre ordre de préférence personnel, mais nous les intégrons toutes à leur juste place au sein de la grande Transition Systémique du XXIe siècle. Nous ne disons pas que les solutions techno-scientifiques sont superficielles et que les solutions éthico-spirituelles sont profondes. Nous ne disons pas que les solutions techno-scientifiques occultent les solutions politico-juridiques. Mais nous agençons chaque dimension de la solution systémique de façon à ce qu’elle entre en synergie avec les autres. Ainsi les solutions techno-scientifiques peuvent ouvrir des possibilités politiques et juridiques. De même que le politique et le juridique peuvent encourager le développement des solutions techno-scientifiques. Ou encore, l’évolution intérieure de notre rapport aux êtres vivants peut inspirer des vocations scientifiques. Et dans l’autre sens, des vulgarisateurs scientifiques peuvent nous aider à développer notre sentiment d’unité avec les non-humains en nous émerveillant scientifiquement par la connaissance de leur réalité. Vous l’aurez compris, au sein de la Transition Systémique, les différentes dimensions de la solution à la crise intégrale du monde moderne ne sont pas simplement mises côte-à-côte mais entrent en synergie. Elles se renforcent mutuellement. Cessons donc d’opposer les différentes facettes et acteurs de la Transition et avançons de manière unis vers la nouvelle étape de notre évolution commune.

Benjamin Rodier

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