Les entreprises privées ont-elles des bénéfices publics ?

Voilà qui va en faire sursauter plus d’un. Avant de sauter au plafond, comprenons-nous bien, l’économie est un échange qui va dans l’intérêt (sans jeu de mot) aussi bien de l’un que de l’autre. Sans cet échange, il n’y a pas d’économie, pas de riche, pas de patron, pas d’entreprise. On est tous aux champs à gratter la terre de nos ongles sales (à noter que je n’ai rien contre l’agriculture, qui est une véritable passion pour moi, mais ce n’est pas forcément le cas pour tout le monde).

Question de philosophie.

Bien sûr que les bénéfices des entreprises sont « publics », la société tolère qu’il y ait des patrons qui la pompent pour cette raison. Ils appartiennent à celui qui les a créés, mais dans l’objectif de l’enrichissement de l’ensemble, ce qui va également dans son intérêt.

Et, pour votre gouverne, chers lecteurs, les entreprises redistribuent 40% moins de richesse aujourd’hui qu’en 1970. Le problème réside encore et toujours dans le travail. A l’époque, la redistribution se faisait directement au travers des salaires et donc des charges payées dessus. Avec la disparition du travail, la redistribution ne se faisant plus systématiquement, on a méthodiquement entrepris de forcer la répartition par la taxation, par la hausse des charges sociales et leur multiplication. Puisque les entreprises avaient moins de salaires à verser, on a complexifié le système afin qu’il ait besoin de plus de collaborateurs externes, des spécialistes, des coachs, des formateurs, des conseillers, etc… rendant la gestion des entreprises fastidieuse. D’où l’origine de la perception (toujours sans jeu de mot) que le partage de la richesse est désormais une captation abusive par une société dispendieuse.

De fait, la différence fondamentale entre « avant » et aujourd’hui, c’est qu’avant, la redistribution de richesse se faisant via les salaires, c’est qu’elle existait, qu’elle était possible. Alors que par les taxes et les chicanes, c’est une contrainte, les taxes, on les paie, qu’on en ait les moyens ou pas. Elles ont la particularité de gêner à la création de richesse, puisqu’elles la captent avant qu’elle n’ait été créée. Alors que, par définition, les salaires sont une captation de la richesse une fois qu’elle a été créée et les salaires y contribueront puisqu’ils apportent du pouvoir d’achat. Ainsi, les plus grosses entreprises qui ont les moyens de surmonter les chicanes et d’établir des systèmes d’optimisation fiscale voient leurs bénéfices exploser et non imposés, alors que les petites entreprises, qui sont pourtant à la base de l’emploi, se voient littéralement opprimées, empêcher de tourner et donc de créer de la richesse qu’elles n’ont donc pas les moyens de redistribuer alors qu’elles doivent malgré tout payer leurs taxes et subir les contraintes légales de gestion.

C’est à un point tel que la plupart des TPE/PME qui font faillite aujourd’hui le sont pour des charges sociales impayées. Aussi incroyable cela soit-il, c’est l’Etat qui tue ses entreprises parce qu’elles n’ont pas les moyens de répartir la richesse qu’elles n’ont pas encore crée!

La première option consistait en la redistribution de la création de richesse. La seconde, l’actuelle, consiste en la répartition de la richesse. La différence est fondamentale, parce que la première induit qu’il y a eu création de richesse qui contribue à tous, alors que la seconde implique que c’est la pauvreté qu’on étale autant que possible puisqu’on partage la richesse alors qu’elle n’est encore que virtuelle, purement notionnelle. Et si elle ne se produit pas ou qu’elle ne peut plus se produire parce que l’entreprise n’a pas eu les moyens de payer les sommes qu’elle ne devait pas, on la met en faillite!

Ce ne sont pas les entreprises qui créent les richesses, mais leurs clients!

On peut imaginer un système où les entreprises n’ont pas de patrons, on peut imaginer une économie sans entreprises, mais on ne peut pas imaginer d’entreprise sans clients.

De fonder sa propre entreprise n’est pas un droit, ce n’est pas un dû, c’est une fonction tolérée par la société qui s’organise pour créer de la richesse afin de financer le développement sociétal qui bénéficiera à l’ensemble. Alors, pour y parvenir, notre société libérale a décidé d’offrir la possibilité à chacun d’être son propre patron et de l’ériger en le plaçant un cran au-dessus dans l’échelle sociale et en lui offrant la possibilité de devenir plus riche que les autres.

Partage de la richesseMais de créer son entreprise n’est pas un droit de pomper la société pour son propre avantage, c’est une très grave erreur de penser ça et qui est loin d’être anodine, parce que c’est cette manière de penser depuis les années 80 qui a engendré le creusement des inégalités qui menace notre économie. Auparavant, on créait des entreprises dans l’idée d’avoir des salariés, donc des clients qui allaient dépenser en achetant nos produits, engendrant un stimulant enrichissement commun. Plus on avait de salariés et mieux ils étaient payés plus ils étaient clients et plus on gagnait d’argent. Désormais, on crée l’entreprise pour soi, pour capter l’argent du public qui, pour dépenser, doit trouver son argent ailleurs que dans son salaire. Il le trouve dans les aides sociales, versées à crédit par l’Etat qui n’encaisse plus de charges sociales. Et il en sera ainsi jusqu’à ce qu’il soit trop endetté et ne puisse plus compenser la perte des salaires et l’encaissement des charges sociales où là il fera faillite et ce sera bien fait pour les riches qui ne vendront plus rien puisque les pauvres n’auront alors plus d’argent pour acheter.

On pourrait très bien imaginer une société où il est interdit d’être patron. Comme ça a été tenté, on sait fort bien pourquoi ça ne marche pas et pourquoi on ne le fait pas, mais ça démontre qu’on pourrait faire autrement.

Au lieu de nier la nature humaine, qui aspire à Être plus que les autres et qui a besoin de ça pour que chacun fasse bénéficier à l’ensemble de ses capacités, on a décidé de la libérer et lui donner la possibilité de créer, ainsi, celui qui profite de ce droit, en échange de son investissement personnel, de sa mise en danger, de son implication plus grande qu’en tant que simple citoyen dans l’économie, on en fait un personnage au-dessus de la mêlée, mieux accueilli, plus respecté. A la banque, il a son conseiller personnel qui le reçoit dans son bureau. Quand il écrit quelque part, il le fait en tant que patron, même s’il est un tout petit patron, à la Poste il est prioritaire, dans une foule, il est celui qui est à l’origine de la création de richesse, une foule de petits détails, qui se ressentent sur la vie de celui qui en bénéficie, qui contribuent à l’élection de cet individu qui se voit récompensé pour son action.

…Mais la grosse part de son bénéfice appartient à ceux qui l’ont réalisé : ses clients!

Et si on ne fait pas comme ça, on se retrouve avec de profondes inégalités!

L’Etat va s’endetter pour compenser ces inégalités, jusqu’au jour où il ne pourra plus s’endetter et l’économie s’effondrera, faute de clients pour ses entreprises, qui seront alors ruinées et ceux que la société avait érigé en tant que héraults de l’économie redeviendront de simples citoyens, pauvres de s’être approprié exagérément les bénéfices que la société les avait autorisés à réaliser.

A contrario, si on veut que ça puisse continuer, que les patrons continuent à être patrons et que les entreprises aient de la richesse à redistribuer plutôt que de la pauvreté à répartir, il va bien falloir permettre la création de richesse avant de la capter et ne capter que la part dûe au système de cette création de richesse.

C’est ça la base de l’économie et ce n’est pas du communisme ou du socialisme.  

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Auteur/autrice : Thierry Curty

Designer sociétal, inventeur d’un concept intégral économique, écologique et sociétal, co-fondateur de Courant Constructif, auteur, Fervent contemplateur de l’Humanité. De convictions profondes et à l’esprit libre. Passionné d’Économie, de Sociologie, d’Écologie, dans une vision holistique, l’épistémologie est le moteur de ma réflexion, source de ma conviction. Je soutiens la transition sociétale, inéluctable à terme, préalable incontournable des grandes transitions, écologique, énergétique, agrobiologique, qui en sont ses corollaires, et tente de l’expliquer et la dédramatiser, de faire passer le message que loin d’être une fin elle est un nouveau commencement, une solution aux problèmes que nous rencontrons aujourd’hui. Inéluctable, mais aussi nécessaire et souhaitable, confortable pour tous.

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